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Il continuerait ainsi jusqu’à 9 heures précises. Tout “le registre” y passerait. Après l’incartade dans la décoration et l’esthétique des formes, viendrait, plus pernicieuse, l’apologie de la “bonne tenue” ; la seule acceptable. Celle qui commande la posture droite, la blouse propre et boutonnée, la cravate même, pour les personnels en contact avec la clientèle, et, tout en bas mais essentielles : les chaussures bien cirées !

Suivrait la “morale du bonheur” : les vertus de l’empathie, du sourire, du conseil généreusement prodigué ; le tout ne prenant de valeur dans cette morale, que couronné du désintéressement le plus sincère. Suivraient encore la diatribe contre le virtuel, le  panégyrique du groupe auquel appartenait notre destin, le factum
de la technocratie, et, si son manque d’inspiration lui en laissait le temps, ce qui était rare, heureusement pour moi : une référence à l’Évangile selon Matthieu !

À 9 heures, exactement, Albert Coton annoncerait enfin : “Chers clients, il est 9 heures ; votre FUTUR ouvre ses portes et au nom des six-cent-quatre-vingt personnes de mon équipe, je vous souhaite la bienvenue ! Je me tiendrai à votre disposition au bureau d’accueil jusqu’à 10 heures pour toute recommandation que vous souhaiteriez nous faire. Je vous remercie de votre confiance et vous souhaite, ainsi qu’à toute l’équipe, de votre FUTUR, une excellente journée !”

C’était ainsi, chaque samedi, depuis sept ans. Et chaque samedi, depuis sept ans, j’étais là, par force d’obligation contractuelle, et par nécessité que je m’étais créée.

Mais ce jour-là, ce 15 août 2026, quelque chose avait déraillé. Le démon qui habitait ce diable d’homme m’avait à mon tour envahi, et je n’avais pu, pour la première fois en sept ans, m’empêcher de penser à tout ce qu’il ne disait pas…

(à suivre ?)

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