Cette solitude qui revient sans être conviée, qui me tombe dessus au comble du ravissement. Celle de se dire que mon être est insuffisant pour moi-même, pour le monde. Insuffisant aussi pour l’âme à laquelle je pense chaque jour en arrière-fond de mes minutes. De mes secondes. De mes millisecondes.

Ai longtemps rêvé d’une osmose. Un mot que personne ne prononce plus beaucoup, comme si ces dernières années avaient tout déconnecté, tout balayé. Humanité, amour, partages… Où suis-je réellement ? Dans quelle réalité ? Endroit et envers subtilement dissociés et combinés.

Quels démons viennent me happer sans prévenir ? Au détour d’un vent frais, d’un brin d’herbe devant ma porte, d’une lettre capitale ou d’un simple chiffre imprimés sur du papier, d’une pensée si furtive qu’elle peut s’immiscer et m’arrêter net. Pourquoi de tels sorts, de telles contorsions de l’âme, qui se perdent aussitôt dans un espace impalpable, aussi douloureux que joyeux ?

Selon les instants.

Plus la joie est grande et plus la solitude devient profonde.

Cette solitude qui me coupe la voix. Me transforme en escargot caché au creux de sa coquille froide et vide. Lovée sous la couette en insomnies absurdes. Réveils brillants après des heures d’imaginations au-delà de mes propres frontières. Je demande à la vie de me rendre encore plus libre de moi-même.

Tout s’ouvre et tout vibre. Le temps de mes pensées se mélange au réel imaginé et non soupçonné. Ma main dans la sienne, gentiment entourée et guidée sur les sentiers de la connaissance. Une rencontre à nulle autre pareille. Magnificence.

Mais la vie, si simple, se transforme en rêves complexes. Les sourires en souvenirs troubles. Certitudes et confusion s’alternent au rythme des mouvements de mon passé et des aspirations de mon futur. Je me sens terriblement seule. Quelques secondes, le temps de larmes parfumées au sel pimenté de de mes envies profondes, de mes élans d’âme en quête.

Puis vient l’apaisement au son d’une corde claquant en un blues languissant et déterminé. La tête hors de l’eau. Le lotus s’épanouissant à la surface lisse de la vase.

Je me recentre sur mon être, rond et dansant au creux de mon ventre. Et cette voix en plus, qui me charme de sa fraîcheur, ces mots qui me nourrissent de leurs secrets hermétiques dévoilés. Je navigue sur la vague temporelle de jours en devenir. Aucune vision ne me guide. La première fois que je me laisse porter dans une résonnance invisible, inimaginable, puissamment désirée et vivifiante.

Âmes solitaires reliées par ce qui est vivant. Reliées par la certitude du Un universel.

La présence qui soigne l’âme…

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