A l’embouchure de l’aber un chapelet de petites îles frangées de sable blanc donnait au paysage un goût d’exotisme, une envie décuplée de voyages. Vincent en avait fait la destination préférée de ses sorties en mer à bord de son petit mais confortable voilier.  Cette virée il aimait la faire avec ses copains retraités de la marine, en tous cas ceux qui restés au pays breton avaient eu l’heur de lui plaire pour constituer un petit cercle qui tapait le carton. L’occasion de quitter le port une fois de plus, de larguer les soucis inhérents à la terre, de parler du passé auréolé d’un parfum de nostalgie sélective, il y trouvait son bonheur quasi-quotidien. Il n’allait pas bien loin, mais c’était déjà ailleurs et cela suffisait. Ce vendredi 13 mai, il avait bien eu une réticence à prendre la mer, une crainte née d’une vieille superstition dont il était victime ; mais les couleurs du temps étaient si belles, mélange de bleu du ciel et d’émeraude de la mer ourlée de la dentelle blanche des vaguelettes et des moutonnements jaune vif des ajoncs en fleur, pourquoi résister ? Arrivé avant ses amis Vincent déchargeait de sa voiture le ravitaillement incontournable de leur sortie et un peu plus histoire de refaire ses stocks : muscadet et gâteaux bretons à déguster autour du jeu de belote, un grand pack de bières à stocker et quelques jus de fruits pour se donner bonne conscience.

Encombré par le poids et le volume de son paquetage le capitaine ne vit pas la caisse abandonnée sur le ponton par un apprenti navigateur négligent…

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