Mon regard suivait le poème qui se construisait dans ses mots
Il enfilait ses sensations comme un enfant ses perles
Il les gribouillait dans l’urgence sur le papier froissé
La lumière entre les barreaux en savait déjà trop.
Mon regard suivait le tableau qui se construisait dans ses couleurs
Le pinceau dansait entre la palette et la toile
Les bleus et les roses s’effaçaient, le gris s’ombrait
Les mouches joufflues s’abreuvaient au rouge des blessures.
Mon regard suivait l’artiste qui se désagrégeait dans les ténèbres
Spectre enfoui dans le grenier de ma mémoire
Sur le tombeau vide flotte l’odeur des mots interdits
Dans leur sillage se dissipe lentement le fiel de ma lâcheté.
J’aime beaucoup ces lignes. La troisième strophe m’interpelle : Est-ce que ce bâillon représente l’interdiction faite à l’auteur d’exprimer totalement son art ?
… je n’ai pas la clé !
en tous cas, bravo !
En effet, il s’agit de ça. Je suis émue et horrifiée du sort réservé aux artistes dans les régimes autocratiques. Ils disparaissent dans le silence qu’on leur impose. Merci Mélanie pour votre commentaire.
En tant que compagne d’artiste peintre, ce texte me touche énormément.