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Je suis là, juste au coin de votre bureau. Pas vers l’imprimante ! Près de vous, de votre fauteuil. Je suis en bois, assez luxueuse me direz-vous, pourtant vous me mettez un sac en plastique, alors que j’ai tout ce qu’il faut pour recueillir vos papelards comme vous dites !

Depuis de nombreuses années vous ne cessez de m’alimenter de ce que vous ne voulez plus, de vos brouillons, de ce qui est inutile. Je récolte les enveloppes, parfois les courriers, les publicités, enfin tous ces machins qui vous encombre : Je récolte aussi vos erreurs, vos écrits raturés, froissés, en boule ou soigneusement pliés.

Je suis celle qui arrive juste avant l’élimination finale ! C’est sans doute pour cela que parfois, vous me fouillez en panique, vous me renversez sur votre bureau, en grommelant des «  mais qu’est-ce que j’ai bien pu en faire » ou «  je suis sûr que c’est là-dedans » en vous passant la main dans les cheveux.

Je suis la dépositaire de vos brouillons ! Brouillons d’écrits, b rouillons de vie ! Je collectionne temporairement vos ratures, ou vos ratées, vos déconvenues, vos agacements parfois marqués d’un trait de stylo rageur en diagonal sur toute la page et que vous accompagnez d’un «  ça ne vaut rien ! ». J’emmagasine vos hésitations, vos doutes, vos volte-faces. En fait je n’ai droit qu’à ce que vous ne voulez plus, et je m’en contente.

Régulièrement, lorsque je suis pleine, vous m’emmenez en promenade, faire un tour, toujours le même. Nous sortons prendre l’air, et là vous me videz ! Vous m’emmenez voir l’exterminateur, c’est comme cela que je l’appelle. Lui aussi est régulièrement vidé. Je ne sais pas ce qu’il advient de cete nourriture dont vous me gavez, juste qu’elle est recyclée. Je le sais car vous employez du papier recyclé, les feuilles sont un peu moins blanches, et vous prétendez que votre plume glisse moins bien. Mais je crois que c’est une excuse pour vos pannes.

Vous ne m’avez jamais complimentée, c’est pourtant grâce à moi que vos papiers tombent pile dans ma gueule béante, j’ai calculé l’angle de vos lancés au millimètre. J’ai mis du temps à trouver le bon emplacement, à présenter l’angle idéal, celui qui convient à votre main, et qui vous décharge de vos fautes.

J’en suis même à me demander si à force de réceptionner vos erreurs, je ne suis pas plus qu’une simple corbeille à papier. Je pense sincèrement être plus votre confesseur que votre ordinateur dans lequel vous mettez vos écrits peaufinés. Car vos fautes, vos ratures, vos écarts, sont plus révélateurs que vos écrits. Ne croyez-vous pas !

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