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À la terrasse des “Deux Bistrots”, l’été, on raconte aux touristes que le nom du village est lié à ses forêts de châtaigniers. Les épines des bogues seraient ici plus douces qu’ailleurs, et chatouilleraient plutôt qu’elle ne piqueraient.
Les plus naïfs et les enfants y croient, les autres se méfient. Que faut-il en penser ? Et bien… c’est la vérité ! Les épines des bogues sont ici plus douces qu’ailleurs. Pourtant, bien qu’étant la vérité, ce n’est pas toute la vérité ; car comme chacun sait, toute vérité n’est pas bonne à dire. Il vaut mieux quelquefois, n’en livrer que la moitié…

Mais pour voir vraiment d’où vient ce nom, il nous faut remonter le temps. Quand je suis moi-même arrivé au village, il y a vingt ans, il s’y tenait débat pour le rebaptiser. Ses habitants, le voyant péricliter, avaient décidé de prendre les choses en mains, et voulaient par ce moyen, rien de moins que le faire renaître ! Mais dire “renaître”, c’est dire qu’il faut d’abord “mourir”, et en effet la Mort semblait avoir jeté son dévolu sur ce village. Les villageois se demandaient… pourquoi ?
Ils tinrent concile en mairie républicaine, sous le crucifix accroché dans la grande salle des mariages, et parvinrent à la conclusion qu’elle était jalouse. Comment y parvinrent-ils ? Par le raisonnement intellectuel…

La démonstration en avait été savamment faite par Monsieur Lorsca, le Professeur de l’École, un jeune et brillant esprit éduqué à la ville. Elle était donc incontestable. Cavalli, qui lui n’avait que ses lettres pour seule éducation, avait bien osé, du bout des lèvres, tenter d’émettre le début d’un doute, mais il s’était fait moucher par le savant avant même que de pouvoir l’exprimer. L’affaire était entendue : la Mort jalousait la Vie, et c’était l’arrogance du nom que portait le village qui avait excité sa jalousie ! Il fallait donc changer ce nom.

Pourtant… Vingt ans après, un certain Dumas, qui vient juste d’arriver et avec qui j’ai sympathisé aux Deux Bistrots, m’a proposé une autre explication. Oh, je me garderai bien d’y souscrire, ce Dumas n’est encore qu’un fourestié, mais je dois dire qu’il ne me laisse pas indifférent. C’est un chatouilleur de plume. Il possède quelques lettres, un peu de poésie et, je crois, beaucoup d’Histoire. Il a, comme l’on dit, du panache ! Je le soupçonne même… de ne pas être tout à fait républicain – sans en faire bien sûr un monarchiste ! Loin de moi si vilaine pensée, je le connais à peine. De son avis, l’on pourrait écrire l’histoire autrement…

La Belle Châtaigneraie – c’est le nom que portait alors le village maudit –, vivait de ses châtaignes depuis la nuit des temps. Ce qui attira le malheur sur elle, c’est… (à suivre)

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