Ô, Strathnaver, Strathkildonan et toutes les vallées du Sutherland! J’aimerais chanter la secrète splendeur et la beauté fatale de vos immensités désertes mais je n’y parviendrai pas.
Maudit soit à jamais le rêveur inutile qui, devant ces terres vidées parle de liberté et de nature préservée.
Pour l’insensé qui met sa joie, sans s’informer, dans ces étendues sauvages des Highlands du grand Nord écossais, certes, tout n’y est que sérénité.
Et vous, randonneurs, pour qui le soleil et la lune paisiblement rythment le fil des jours dans ces contrées lointaines, bruissantes des ruisseaux et du chant des oiseaux, savourez votre plaisir en visiteurs, mais n’oubliez pas le long fleuve de ciel des douleurs anciennes.
Car, quand j’y pense, mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs à porter, face à cette terre-patrie où plus rien ne repousse, hors ronces, fougères et sorbiers autour des maisons ruinées.
Quand l’ignorance ou l’injustice oblitèrent tout un pan brutal de l’histoire, il faut alors savoir l’élever souvent, cette voix qui se tait, celle d’un monde d’avant où, sous des lames de pluie et des soufflets de vent comme sous des soleils ardents, les glens grouillaient encore du labeur des paysans et du rire de leurs enfants.
Je lirai vos mots , là-bas , sur les terres des Highlands et me demande des deux qui sublimera l’autre .
La photo est de moi. Strath Kildonan… Bonne chance pour y aller. Mais il faut, pour la mémoire.
J’ai bien peur d’avoir le profil d’une rêveuse inutile quand je regarde cette superbe photo, mais heureusement que vos mots éveillent ma curiosité !
Ma Pie, il n’est pas interdit de se prendre à rêver devant de tels paysages et il n’y a pas de honte à avoir, non plus.
Disons que, pour moi, c’est devenu quasiment impossible car, à partir du moment où j’ai découvert la sombre histoire des “clearances”, je n’ai eu de cesse d’approfondir mes lectures pour la faire connaître, au-delà des habituels clichés touristiques sur l’Écosse (kilt, cornemuse, whisky, monstre du Loch Ness et j’en passe).
Je crois que j’avais été très choquée, et encore plus du silence pesant qui entourait ce sujet.
Depuis, les langues se sont un peu déliées mais cela reste très douloureux dans l’histoire de ce pays et de toute sa diaspora.
Les mots que j’ai employés étaient aussi l’occasion d’inclure quelques vers dans une acrobatie algomusienne!
Les photos que j’ai utilisées (pour le second volet également) sont les miennes personnelles, prises dans les lieux évoqués (Strathkildonan sur cette page et Strathnaver sur la suivante) car je n’aurais jamais trouvé ce qu’il fallait sur les sites répertoriés.