Grumbeg, août 2009.
Le matin est radieux et les eaux profondes du Loch Naver, sur lesquelles les cimes de Ben Klibreck veillent jalousement, d’un bleu ardent.
Le silence est à nul autre pareil. L’immobilité de ce glen me fascine et m’obsède. Je ne dirais toutefois pas qu’il m’émerveille. Son ciel est triste et beau comme un grand reposoir et l’air est plein du frisson des choses qui se sont enfuies.
Face aux ras chaos de pierres grises moussues, seuls vestiges de maisonnées entières, nous entendons passer, dans notre solitude, le long cortège des dépossédés.
Oui, ils sont bien là, tous. Nous voyons leurs visages.
Péniblement ils cheminent et leur dénuement est flagrant.
Hommes braillards, femmes hagardes, petits enfants aux mains de froid rougies, anciens tout courbés sous le poids des peines, ensemble ils partagent le même calvaire.
Comme en un convoi funèbre aux muettes prières, d’incohérents sanglots et d’étranges paroles s’élèvent à l’unisson de leurs douloureuses poitrines.
Ils se sentent brisés, ils se sentent damnés.
Vers quel incertain destin leurs pas lourds et lents vont-ils les mener?
c’est bien mieux que Outlander ! trêve de plaisanterie , j’aime beaucoup, tout un pan inconnu de k’histoire de l’ Ecosse très peu évoquée voire pas du tout, du moins en France. Mais c’est toujours un beau et fier pays;
Ps il y a des intonations à la Glenmor dans ce texte
Merci de faire oeuvre de mémoire et de l’écrire aussi bien
Merci beaucoup, @Philomene écrit, vos mots me touchent aussi profondément que ce terrible pan de l’histoire de l’Écosse (qui fut une sorte de seconde patrie pour moi pendant près de deux décennies et me hante toujours).
Quant à la référence à Glenmor, c’est un bien grand honneur que vous me faites et je ne suis pas sûre de le mériter…
Je n’ai pas dit mon dernier mot sur les “clearances” des Highlands dans l’angoisse, je mijote trois ou quatre autres textes mais l’inspiration est défaillante en cette sortie d’hiver!
j’ai lu les 7 chapitres de cette histoire que vous portez avec force et sensibilité, et me voilà bien touchée, les noms les lieux et les personnes sont comme des témoignages à votre relation de l’inimaginable. je suis bien ignorante de ce pan d’Histoire, vous l’éclairez avec talent et je ne manquerai pas d’en lire davantage, à votre rythme.
Merci beaucoup, @MaOelle, je suis touchée moi aussi de votre commentaire et merci d’avoir pris le temps de lire ces textes sur un sujet peu hilarant s’il en est.