Dès les premières lueurs du matin, il parcourt 13 kilomètres à pieds à travers la savane pour mettre en rayon le pain frais dans le nouveau supermarché.
Depuis qu’il est boulanger, Angus est considéré comme le notable du village, il est l’un des seuls à avoir un salaire fixe et depuis peu la télévision. Ce qui fait de lui, l’homme le plus cultivé.
Pour être exact, je devrais préciser que « sa » télévision est au rayon électroménager. Mais cela n’est qu’un détail géographique, car finalement Angus tient le stand juste à côté, ce qui lui permet de la regarder toute la journée.
Aujourd’hui, Angus le boulanger est fort excité par le contrat qu’il a su négocier avec son employeur. Il va être parrainé pour organiser la fête annuelle de son petit village. Les sécheresses récurrentes ont fait fuir les plus ambitieux, et seules restent quelques familles démunies qui se battent pour leur survie. Le village est au bord de l’agonie.
Mais cette année, tout va changer, car Angus a eu une idée. Il va organiser le grand prix de Monaco.
Je sais, je sais… dit comme cela, cela peut paraître étonnant.
Angus a été fasciné par ces bolides qui courrent si vite, sans raison et dont les pilotes finissent sur un podium à s’asperger de jus de pomme. Il a vu sur les écrans de télévision tout ce monde venu d’on ne sait où pour applaudir, manger et rire!
Ce grand prix sera pour lui l’occasion de donner du souffle à son village, de la publicité à son supermarché et du sens à sa vie.
Alors demain, sur les 4×3 « qui vous donnent envie d’acheter même quand vous n’avez pas le moindre sous de côté », son employeur allait afficher la publicité pour attirer tous les villages alentours au « grand prix de l’impala ».
Évidemment , comme les habitants du village, vous vous demandez, pourquoi « le grand prix de l’impala » et pas le grand prix de Monaco?
Angus hilare:
– Mais parce que les voitures de courses polluent, coûtent cher et font du bruit! Les antilopes eux, sont locaux, rapides et bien plus silencieux! Voilà tout!
Et tout comme eux, vous doutez que l’on puisse faire courir des impalas numérotés dans le même sens, sur un circuit…
Angus, fier de lui:
– ça c’est juste parce que vous n’avez pas songé à les faire courser par quelque Lashis !
– Des Lashis?
– Oui, des Lashis… Ce chien à poil long, si gentil et obéissant qui passe à la télévision !
(ah … je vois… Angus parle sans doute de Lassie, le colley, mais cela n’est qu’un détail…quelques bons chiens feront l’affaire.)
– Et ensuite?
Une fois toutes les antilopes arrivées? On fera quoi?
– Et bien c’est là qu’on saura qui a gagné le xolo! Et le Xolo bien sûr…. C’est un Caddie garni de chez Carrefour market !
Angus est fier, si fier! Les yeux brillants, il imagine les spectateurs, venus des villages alentours, pour s’arracher les impalabillets numérotés. Il ferme les yeux et hume les senteurs de kebab d’impalas rôtis !
La petite communauté le regarde ébahie.
Angus le boulanger est un héros.
Un jour, c’est certain, il aura la télé dans sa case, et peut-être même l’électricité!
Faire courir des Lassie, ça m’a amusée, et j’ai pensé à Lashis-Lcouchés-Lpasbougé…c’est bête je sais.
Et le xolo est bien trouvé…j’ai un peu honte pour ma part de partager ce à quoi il m’a fait penser, mes ponts sonores sont un peu pitoyables ce soir, aussi j’évoquerai seulement un indice avec Pascal Légitimus, ses compères et Stéphanie de Monaco…bon, j’admets ce ne sont pas des références très littéraires!
En tout cas, bravo pour le défi relevé!
Ha ha! Je crois que je vois ! Ce n’est pas moi, avec ce texte là, qui vais pouvoir juger vos références littéraires 🤣 merci pour votre commentaire !
J’aime l’humour et les références (même scabreuses) de ce texte. Un boulanger-héros ou un héros-boulanger, c’est assez rare.