Ou, plus certainement encore l’avait-elle même inventé, ce mot. On n’en trouve trace nulle part en effet. Aucun des écrits d’aucune sorte ramenés par les expéditions des aventuris ne le mentionne. Aucun. Aucun jusqu’à ce jour, en tout cas, car le Clan d’Huma Familiaris ne désespère pas de changer cela avec sa prochaine exploration du monde sauvage.
L’enjeu est considérable : si les familaris arrivaient à prouver que la mère de notre système éducatif s’est inspirée d’une théorie du passé pour formuler son modèle – notre modèle -, alors celui-ci devrait être questionné ! La Doctrine est simple : tout ce qui vient du passé est suspect. Tout ce qui est dans le passé a forcément conduit, à un degré ou l’autre, au Grand Cataclysme…
Ce faisant, et c’est là où l’on voit leur intérêt, c’est l’organisation sociale de notre monde qui serait très vite aussi questionnée. Imagine-t-on de remettre en cause le Village d’Enfants sans le remplacer par une institution individualiste d’inspiration familiale ? Concevrait-on qu’un parent possédât son enfant sans qu’il désirât posséder autre chose ? Toutes autres choses ? Et parmi toutes ces choses, d’autres êtres humains ?…
Non, non, les familiaris se trompent. Ils sont dangereux. Par la famille, c’est la propriété qu’ils veulent faire renaître ! Et par la propriété, la servitude. Je les combattrai dans ma plaidoirie du cinquième jour. Je me ferai le fou d’Huma Romantis, le dévorerai de l’intérieur comme ces poisons qui flattent les sens pour mieux détruire le corps et, vainquant Romantis, je vaincrai Familiaris ! Et les autres, tous les autres m’éliront ; ils me reconnaîtront…
N’ai-je point trouvé ma voie ? Je vais défendre Huma, notre mère à tous. Je vais montrer son génie, sa mansuétude immense, sa… maternitude. Témoigner par les faits de l’acuité de sa vision. Porter, s’il le faut, l’étendard de sa pensée. Et pour commencer, dès demain, premier jour du Carnaval, je ferai l’apologie du Village d’Enfants, sa géniale invention, sans jamais attaquer Romantis ! Au contraire, je l’inviterai, et le noyant dans le lyrisme magique de sa propre rhétorique, j’anéantirai, du même coup, Familiaris, son complice.
Il est de plus en plus inquiétant ce novice! Je suis pas sûre de le trouver sympathique moi😰
Sourire… De mon côté, je ne suis pas sûr qu’il en ait envie (d’être sympathique)… Je ne sais pas encore très bien, mais je vous avoue que j’ai déjà pensé au modèle cinématographique qui nous amène à célébrer (et mémoriser davantage !…) les personnages antipathiques en regard des personnages consensuels, a fortiori sympathiques…
Et puis, quand même, ici, c’est le narrateur ; or, son propos est un peu… carnavalesque…
Peut-être qu’au moment où les masques tomberont… (je ne sais pas, ce n’est pas écrit, mais gardez-lui quelque chance, on ne sait jamais…)
Promis, je la lui laisserai😉!
Un personnage sympathique est-il forcément consensuel et inversement? Je m’interroge à haute plume …
De mon point de vue, oui. Si “sympathique” signifie bien “penser avec” (comme ?…), alors oui, il y a bien consensus.
Mais je comprends votre question (en tout cas j’ai l’intuition d’en comprendre la nuance) : “peut-on aimer le diable ?”…
Et là, je réponds encore : oui.
Mais bien sûr, tout cela m’appartient, n’est-ce pas chère Mapie ? Nous sommes sur l’Algo… (sourire…)