Il est là, dans la bibliothèque. Ce n’est pas le livre d’un grand auteur, un classique de la littérature, un grand roman, un essai philosophique, ni même un livre de cuisine, pourquoi pas. Non, c’est un vieux livre, à la tranche toilée qui s’effiloche, à la couverture devenue marron mais qui devait être blanc cassé, il y a longtemps. Il appartenait à ma mère, qui je crois le tenait de la sienne. Un livre de passage en quelque sorte.
Ses pages sont un peu abîmées par endroit, et d’autres ne tiennent qu’à l’aide de scotch. Elles ont parfois des gribouillis dans les marges, il y a des mots écrits, des traits de crayon, ou de stylo plume. Il a pourtant quelque chose de précieux, et nous le conservons religieusement.
A l’intérieur, toutes les pages sont structurées de la même manière. Page impaire une règle de grammaire avec ses exercices d’applications, page paire un petit texte avec des questions de compréhensions ; des mots nouveaux à expliquer, à apprendre ; un texte à trous, et une petite dictée.
Parfois en le prenant je pense à ma mère enfant, le tête penchée sur son cahier, recopiant un exercice en suivant du doigt l’énoncé sur le livre, soulignant un mot, faisant un trait.
Il me semble que les explications sont parfois plus claires que celles des livres d’aujourd’hui, moins alambiquées. Mais je me trompe peut-être, ce n’est sans doute qu’un effet « nostalgique ». Pourtant lorsque j’ai une explication à donner aux petits-enfants c’est vers ce livre que je vais.
C’est un simple livre. Mais il est un livre d’ancrage dans notre famille, comme s’il nous avait suivis depuis tant et tant de générations, il porte en lui des souvenirs d’enfance, de zéro fautes, de 10/10, du moins je l’imagine.
C’est le Cours de langue française, cours élémentaire , classe de 8ème.
Joli texte très sensible et qui me rappelle toutes les heures passées, dans mon enfance, à consulter les manuels de mes aïeux qui étaient instituteurs en primaire et les cahiers d’élèves qu’ils avaient conservé. Le certificat d’études était alors un diplôme qui validait une belle culture générale que – j’en ai bien peur – beaucoup de bacheliers actuels ne pourraient pas revendiquer…
Tout à fait d’accord avec vous, et ces livres ont un charme fou