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Je suis un objet de défiance, souvent présent dans les faits divers assez sordides. Moi-même j’en ai fait l’expérience. Mais laissez moi redorer mon image en vous racontant cette histoire. 

C’était l’hiver, j’étais la propriété d’un chasseur. Nous étions en « mission ». Mon rôle : faciliter le partage du trésor. J’avais déjà servi et ma lame n’était plus aussi tranchante qu’à l’origine, preuve en est la difficulté de mon maître à me retirer de la poitrine de sa femme. Mais il m’avait choyé ensuite : un bon bain, nettoyage en profondeur puis quelques passages sous cette pierre dure : m’y frotter me permettait de retrouver une certaine jeunesse ainsi que mon tranchant. Malgré tout je m’étais de nouveau abîmé depuis. 

Donc, je reprends, nous étions à la chasse. Un coup de feu, puis deux. C’était à mon tour. Malgré la fatigue, j’ai tenté de m’appliquer. Mon maître n’est pas un homme patient. De rage devant mon travail bâclé (j’avoue que la chaire de l’animal était plus arrachée que découpée) il me jeta au loin. 

Je me retrouvais à terre, couvert de boue et si je puis dire, désarmé face à la solitude qui m’attendait. 

Bien plus tard, un enfant me ramassa, je devins soudain le fidèle compagnon d’un capitaine de bateau pirate, d’un robin des bois en train de construire son abri, d’un aventurier sur une île déserte et enfin très souvent, mais cela semblait moins amuser mon nouveau petit maître, le doudou rassurant devant l’ogre qui le terrifiait. Malgré mon viel âge, malgré ma lame émoussée, j’étais de nouveau aimé. Avez-vous douté qu’un poignard puisse avoir des sentiments ?

Je fus même un peu terrifié d’entendre la voix de mon ancien maître, allais-je encore être jeté ? Alors qu’il approchait, répandant son haleine alcoolisée, mon nouveau maître tremblait, puis il me serra. J’attendais la trahison d’être rendu, de nouveau jeté. 

Ce fut tout autre, j’étais toujours son doudou rassurant face à l’ogre menaçant. Et, reconnaissant, je mis tout mon cœur à m’enfoncer dans la poitrine de l’ogre quand ce fut ma mission. Mon héros ne reçu les coups promis mais je me noyai dans le sang , me cassai dans le torse du chasseur. 

Ne vous méprenez pas, c’est encore un sordide fait divers mais cette fois, j’eus l’impression d’être du bon côté.

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