Une plage de sable blanc, tout fin ; des vagues bleu azur transparent qui cheminent vers la terre, une brise ensoleillée, le calme…

J’ai entendu le silence de la mer.

Allongée aux portes de l’océan, le visage tourné vers le ciel, les yeux fermés, le corps flottant, marée montante. Alanguie à la surface de cet immense drap d’eau.  Clapotis, puis silence. Tout autour de mon corps, une présence subtile prend matière. Une infime part d’océan m’enveloppe dans son épaisseur bleue et vibrante.

Balancement doux des vagues, laisser-aller total. Basculement d’un instant : je perçois un son sourd et rond, de la couleur et de la texture des abysses, qui emplit mes oreilles jusqu’à mon cerveau, puis toute ma tête, et directement mon ventre. C’est un silence, ou plutôt une fine note mélodique, rien de plus. Indescriptible, posé dans mon ressenti. Une onde sonore qui vient se connecter à mes cellules pour leur faire prendre conscience de leur propre miracle.

C’est le silence interne de la mer qu’il m’est offert d’entendre. Mais ce n’est pas seulement son silence, c’est aussi celui de la mère universelle. Pas non plus exactement le silence de la mère universelle, mais celui du giron universel, celui de la Source de vie. Notre source commune à tous, tout en étant ma propre source. Les sons se déroulent telles des vérités successives à percevoir et à ressentir. Une perception après l’autre, dans la confiance suprême de la Vie, laquelle me rappelle que je suis Elle, qu’elle me soutient et me comprend dans un absolu infini. 

Je réalise soudain que je suis pénétrée du silence interne de ce giron maternel universel. Alors j’écoute avec attention pendant une minute, une longue minute. Le silence est rempli des messages de la Source : « l’explicitation de nos missions » à tous. Un silence plein d’engagements ; ceux de près de huit milliards d’individus en un temps condensé réparti en paillettes de secondes.

Mais voilà, humaine que je suis, je ne sais pourquoi, soudain, j’ai peur de ressentir si pleinement et si profondément la Source. Car c’est bien elle que j’entends : la Source de nos existences, de nos naissances à tous. Par réflexe, j’oscille entre la « peur » et l’insondable. Un instant, je suis entre les deux. Mais je laisse la peur prendre le dessus ; c’est malheureusement plus facile que de me laisser porter vers l’inconnu de la Source…

Et je me redresse pour nager lentement vers le rivage. Un peu soufflée, très vite honteuse de n’avoir pas osé me laisser emmener au cœur de la Source.

Debout hors de l’eau, dans les vertiges de l’air, je marche sur le sable en espérant, un jour, une autre fois, entendre le silence de la mer…

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