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20 ans déjà. Cela faisait 20 ans que ” le Toine ” avait été recueilli chez ce vigneron du haut Beaujolais. Il avait alors 12 ans. Il en avait reçu des coups dans son enfance. Le martinet volait pour n’importe quel prétexte.

Il en avait gardé ce dos voûté, la tête rentrée dans les épaules pour se protéger des vilaines douleurs de la vie. Maigre et noueux comme un grand échalas, il besognait en silence sa casquette vissée sur la tête, répondait au patron d’un simple hochement de tête : il avait compris – et puis c’est tout ! -.

Le Toine, tout le monde le savait, il ne fallait jamais le perturber. Son travail  rythmait la journée comme les piquets de la vigne. Le moindre événement différent de ses habitudes et tout s’enrayait.

Les mauvais traitements des premières années de sa vie semblaient l’avoir vidé de toute émotion, de tout sentiment. Son corps blessé répondait mécaniquement pour effectuer les taches qui lui étaient confiées.

Le soir, après avoir afféné les vaches, il traversait la cour de la ferme en claudiquant tel un oiseau éclamé. Il se retirait dans son repaire, la grange à foin.

Chaque samedi, il recevait sa paie qu’il allait boire le dimanche, pour que ce jour de désœuvrement passe plus vite. On ne le voyait pas de la journée.

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