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Le tricot

Sur un fauteuil paillé, assise au coin du feu,
Légèrement voûtée, sur un coussin moelleux,
La mère Eva tenait son tricot routinier,
Toute de noir vêtue, binocles au bout du nez,
Et lorgnait au carreau les voisins qui passaient,
Tandis que son vieux chat, à ses pieds, ronronnait.
Les aiguilles dansaient dans ses deux mains noueuses
Dans le calme et l’ennui, fin de vie oublieuse;
Cliquetis réguliers qui singeaient la pendule
Pour mesurer les heures avant le crépuscule.
Sur le calendrier, les jours étaient rayés,
Monotone douceur d’intemporalité.
La vieille somnolait après deux ou trois rangs,
L’ouvrage était prétexte pour passer le temps.
La soupe frémissait devant la cheminée ;
La vieille sera seule, à table, pour dîner.

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