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Le curé de mon village ayant appris que le comte et la comtesse de l’Ubac des Défens recherchaient un précepteur pour leurs enfants, m’en fit part. Cette nouvelle inespérée comblait mon désir de trouver rapidement un emploi afin de m’établir, et ainsi soulager mes parents. Je lui confirmais donc que celui-ci serait d’un grand secours pour ma famille, et comblerait mes vœux. Je pourrais ainsi le remercier en lui prouvant que les heures qu’il avait passé à mon éducation ne furent point vaines.

Je rédigeais donc une missive, que notre brave père curé porta en mains propres au château le lendemain, puisqu’il y disait la messe. Il dut faire sur ma personne moult compliments puisque de retour au village, il me fit dire que la comtesse m’attendait le lendemain  matin à dix heures, soit après tierce.

Le jour dit, je m’apprêtais de mon mieux, passait à l’église mettre un cierge à Saint Joseph afin qu’il intercède en ma faveur dans le cœur de ces nobles gens et que je puisse avoir cet emploi.

J’arrivais au château avec une dizaine de minutes d’avance, et je me présentais directement à l’entrée des domestiques, utiliser la porte principale aurait été fort inconvenant et prétentieux de ma part. La servante qui me reçue s’avéra fort effrontée, lorsque je lui précisais que je venais pour le poste de précepteur elle pouffa et me demanda si j’aimais la promenade et jouer à la balle. Ce qui me parut fort étrange. Quoiqu’il en soit je ne me laissais pas impressionner et la suivit à travers escaliers et couloirs jusqu’au majordome de la maison, qui lui, me conduisit auprès de la comtesse.

La comtesse me reçut dans son boudoir. Deux grands caniches blancs semblaient discuter devant la cheminée et remarquèrent à peine ma présence. Les bêtes étaient magnifiques, et paraissaient toilettées de frais, à leurs cous des rubans formaient de gros nœuds. Je m’inclinais respectueusement et restais immobile et coït les quelques instants nécessaires à la comtesse pour prendre conscience de ma présence

  • Ainsi donc vous êtes le jeune homme recommandé par notre bon Père Clément
  • Oui, Madame la Comtesse
  • Bien, bien, vous êtes jeune et semblé vaillant. Aimez-vous marcher, courir, jouer ?
  • Comme tout jeune homme, Madame
  • Bien, bien, aimez-vous les chiens ?
  • Oui, Madame, nous en avons eu à la ferme et ils ont toujours été bien traité.
  • Hum, hum. Vous serez affecté aux soins de nos chers petits. Je vous en donne les quelques lignes, vous verrez ensuite auprès du majordome à l’office. Voici les points importants :  devrez veiller à la propreté de nos enfants, et à leur bien-être, ils sont très fragiles et très sensibles, ils ont besoin d’être traités avec douceur et déférence. Pour leurs santés il convient d’effectuer une promenade le matin et une l’après-midi, parfois en ma présence. Le soir après le repas un léger tour du château est suffisant. Vous devrez veiller à la netteté de la chambre,  des lits, qu’il y ait toujours de l’eau et quelques gourmandises à disposition.
  • Bien Madame, puis-je vous demander quand je pourrais voir les enfants.
  • Mais oui, mais oui, où avais-je la tête. Vénus, Apollon venez que je vous présente à votre nouvel ami

A ce moment les deux caniches tournèrent la tête dans un bel ensemble, et s’avancèrent vers leur maîtresse.

  • Allons, allons les enfants, ne soyez point timides, dites bonjour

Ce jour-là je compris que notre bon père avait sans doute perdu son temps avec moi. Sans nul doute il n’entrait point dans mes attributions d’enseigner les Humanités à ces pauvres bêtes. A  défaut de latin, je pourrais toujours leur apprendre quelques tours, car je n’étais point assez sot pour refuser pareil emploi. J’y restais quelques années, après quoi, muni de solides références de la part de Madame la Comtesse il me fut aisé de trouver des attributions plus conformes à mes espérances, et à celles de notre bon père, qui grâce à moi avait enfin compris pourquoi il ne voyait jamais les enfants du comte et de la comtesse à la messe.

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