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Replié dans un coin, prostré dans le noir. Attendre. De longues journées de solitude. Jusqu’à ce qu’un rayon de lumière s’immisce par la porte, signale l’arrivée prochaine d’une présence. C’est alors que la journée s’allume. Car deux paumes tièdes, une peau souple, se collent à sa fraîcheur. Joie. L’escabeau est soulevé de terre. Le cœur léger, flotte au-dessus du sol, rêve l’inconnu, gagne son avenir. Et s’étale de tout son long contre le mur de crépi. Manqué. Combien de temps encore, pour un peu d’attention. Le ciel se voile et de fines gouttelettes picorent bruyamment son flan. Avant le désespoir, le voilà sauvé de peu, arraché à l’orage et planté au centre d’une pièce blanche. Toute blanche, et le gris dehors. Quelques gouttes de pluie perlent sur ses marches. Une métallique odeur de sueur. Derrière les carreaux la vie s’emporte, contraste avec le calme de la pièce vide. L’escabeau se déplace d’un-demi centimètre et les murs résonnent. Chantent. Chantent ? La voix s’avance et empli l’espace. Approche, viens, viens me caresser. Oui. C’est le contact rugueux d’un gant de plastique sur son armature. Le poids d’une jambe sur la marche la plus basse. Le poids d’un corps. Chair contre fer. Et c’est délicieux. Il se concentre pour aider à porter. La deuxième marche, la troisième. Il aimerait en avoir cent. Il se concentre, encore, sur les vibrations que provoque chaque mouvement, il accompagne, discrètement, déploie ses marches. S’étire. Grince. Gémit. Ploie. Oscille. Vascille. Vacarme. La voix s’éraille, l’escabeau fait une girouette et s’aplatit face contre terre. 

Et il oubliera de nouveau, la fois prochaine, que la rencontre mène aussi bien au ciel qu’à la chute.

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