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C’est une histoire un peu étrange, et compliquée. Je ne peux la certifier, on me l’a rapportée. Je vous la livre, donc, sans garantie…
C’est à la ferme des Dubois que cela s’est passé, dans la chambre des garçons, les deux plus jeunes. Le jour exact, on ne le sait pas très bien ; c’était aux alentours de la fête du village ; la veille peut-être…
Les deux gamins jouaient avec leur invité. Oh, l’on imagine facilement l’un de ces jeux d’enfants fait à la fois de rêve et de nécessité. On les voit se livrer combat comme titans en chocolat, hésiter aux frontières du réel et de l’imaginaire, batailler, batailler encore, et, fatigués de pirouetter sur leurs lits, finir, peut-etre, par s’y affaler en riant et s’endormir.
Eh bien non. Ce soir-là, tout se serait passé autrement. Et c’est “l’invité” qui aurait tout bouleversé…
Le problème, c’est qu’à part les “Fadas” (c’est le sobriquet qu’ont gagné les Dubois dans cette triste affaire), “l’invité”, personne ne l’a jamais vu, ni entendu, ni touché à Le Tannos. Et nous, les Tannosiens, bien que bons Chrétiens ne sommes si naïfs qu’on nous fasse avaler couleuvres ! Je vous l’ai dit : “sans garantie”…
C’est le père qui prétend l’avoir trouvé, “l’invité”. Dans la Châtaigneraie, qu’il l’aurait ramassé. “Un petit être fragile, tout recroquevillé, et qui tremblait sur le tapis de feuilles en hoquetant des “bip… bip… bip”, raconte-t-il au café. Il était presque nu ; pas de véritable vêtement mais une sorte de combinaison, de juste-au-corps brillant.”
L’enfant, car c’en était un, lui avait semblé beau, sans autres défauts que des yeux bizarres qui ressortaient un peu trop. Il avait tout de suite pensé à un extra-terrestre et s’était d’abord méfié, mais ayant vite compris qu’il n’y avait pas danger, l’avait ramené à la ferme où les garçons l’avaient immédiatement adopté.
C’est donc comme cela qu’on les retrouve ce fameux soir dans la chambre. Mais que s’y passe-t-il réellement ? On ne le saura probablement jamais. Les seules choses qui soient certaines, c’est que s’il a jamais existé, “l’invité” a disparu ce soir-là et que depuis, les deux gamins sont devenus “particuliers”… Ils passent maintenant leurs journées à prier, les mains presque jointes, en agitant les pouces dans tous les sens ! Les seules paroles qu’ils semblent encore capables de prononcer sont des variations de “bip, bip, bip…”.
On jase au village sur cette affaire. A l’église, on parle de blasphème… A l’école, de maladie et d’asile. Et le maire, lui, qui lorgne aussi le Pré du Haut pour agrandir son vignoble, semble assez favorable à la thèse de l’instituteur ; c’est juste qu’il inclurait le père, je crois…

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