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-« Les « petites mains” des trafiquants sont toujours inconnues des services de police. Le gamin au scooter qui traversa la place à toute allure, ressemblait à n’importe quel jeune de son âge. Veste de jean bleu délavée, lunettes de soleil et cheveux mi longs ondulés avec un gel effet mouillé. Un pantalon type cargo multipoches noir et une paire de converses qui avaient déjà bien vécues trois vies. »

– Et sinon, rien d’autre? Pas de sac, d’attitude agressive ou autre?

– Non.. ah si… une « banane noire », mais bon, qui n’en a pas ?

La commissaire écoutait la description avec attention et avec l’impression désagréable que son collègue brossait volontairement le portrait de son fils cadet. Son adolescent  lui donnait du fil à retordre depuis quelques mois. Il avait le profil parfait, elle le craignait.

Le trafic de médicaments était devenu un véritable marché parallèle parmi les jeunes lycéens et la policière savait au combien il pouvait être rémunérateur pour ceux et celles qui acceptaient de jouer les dealers occasionnels . Son fils ne cracherait pas sur un peu d’argent facile, même si pour cela il fallait s’arranger avec la légalité … Fils de commissaire pourrait même lui donner quelques velléités. 

Devant l’air préoccupé de sa supérieure, le lieutenant se voulait rassurant:

– Bon cela dit, il a déposé un paquet, mais il n’a pas non plus empoché d’argent… je ne pouvais pas le serrer. On l’a laissé filer, mais on en saura plus en fin de journée. J’ai mis un stagiaire en filature. 

– Tiens-moi informée rapidement , je veux en savoir plus sur cette affaire.

Comme toute mère, elle  n’aimait pas l’idée de douter de son fils, mais elle refusait  l’idée de se laisser abuser. En décrivant son garçon, son collègue avait projeté une ombre sur sa journée. Elle aurait de plus en plus froid, et cela, tant que le voile ne serait pas levé.

Dans la foulée, elle envoya un texto à son fils un message que seule une mère peut envoyer .

– cc chéri, peux-tu me donner la marque et la taille de ton pantalon cargo noir?

– ??

– C’est pour un collègue…

– ben je sais pas. Regarde dans le placard!

– Suis au commissariat

– et moi au lycée

Quelques mots ont suffit. L’ombre s’est évanouie. La mère respire car elle a lu ce qu’elle voulait lire. 

Pourtant à quelques rues de là, deux jeunes discutent en plein soleil:

– C’était qui?

– Ma reum, faut que je rentre me changer. Je crois qu’elle m’a vu ce matin. 

– Tu crois ou tu es sûr ?

– mm je sais pas trop… mais bon, je le sens pas..  je vais me changer. J’ai un peu froid… comme si le soleil s’était caché d’un coup. 

Derrière le scooter qui roule vers le domicile de madame la commissaire, une voiture banalisée oeuvre à documenter le trafic de médicaments des jeunes du quartier. Non loin de là, une ombre froide retourne irrémédiablement  vers le commissariat…

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