Les pieds dans l’eau, l’attente avait été longue et pénible mais la récompense était déjà là ; dans le petit jour qui pointait, l’espérance d’une capture exceptionnelle se faisait de plus en plus précise. Les premiers rayons de soleil rasaient le lac en transperçant les lambeaux de fine brume, vestiges du voile de la nuit. Phil avançait à pas comptés dans la bordure orientale de l’étendue d’eau, l’astre se levait dans son dos et éclairait peu à peu le paysage dans ses moindres recoins. A cette heure matinale il pouvait s’imaginer loin de toute civilisation tant l’air était tranquille et silencieux. Mais d’ici peu le monstre endormi allait se réveiller et tous ses habitants avec lui. Qu’elle était proche cette ville nouvelle, sa rocade, son agora, sources de bruit et de pollution en tous genres !
Des rais de lumières allumèrent un bouquet d’iris d’eau comme autant de bougies d’anniversaire fêtant le nouveau matin. Cette jolie fleur jaune hermaphrodite dansait sur sa longue tige, animée par une petite brise dont le promeneur de l’aube déjà transi de froid se serait bien passé. Heureusement pour lui les premiers acteurs attendus arrivèrent alors enfin : un couple de colvert suivi de canetons duveteux et de quelques halbrans envahirent l’espace aquatique et vaquèrent à leur pêche quotidienne. Phil immobile suivait des yeux leur évolution, attendant l’entrée en scène de leur cousin exotique qui habitait depuis peu le lieu. Vert, blanc, rouge, orange, beige et roux, dans un chatoiement de couleurs vibrantes, le mandarin se matérialisa et commença sa parade. Le photographe, silencieux comme un ninja, se prépara à armer son Nikon et tout d’abord réassura sa stabilité en déplaçant légèrement sa botte gauche… La clochette tinta une seule fois mais eut l’effet d’un coup de canon dispersant les fantassins, plus une plume à mettre sous l’objectif ! Phil incrédule, mais résigné autant que déçu, repêcha à ses pieds le hochet perdu, abandonné aux sables de la rive.
Whaoo ! Décidément, vous êtes difficile à critiquer autrement.
C’est très très beau, emprunt d’une grâce presque extrême-orientale digne d’une estampe. Merci de ce bonheur de lecture.
C’est un immense bonheur de parcourir vos lignes savoureuses et délicates MERCI
Ho ..! , j’ai perdue une botte , ma chaussette est trempée ..!
Très beau texte, merci.
belles descriptions. (petit clin d’œil à ce fameux Nikon … 😉)
Je me suis vue spectatrice subjuguée et éblouie (mais aussi maladroite)!
Je ne suis pas très douée pour prendre des photos, mais il s’en est fallu de peu pour que je sorte un appareil tant les descriptions donnent envie d’immortaliser l’instant.