La cloche n’avait pas encore sonné, mais la cour de l’école avait déjà des allures de cirque où des enfants survoltés cabriolaient, sautaient, criaient et riaient, produisant une cacophonie irréelle en ce clair matin qui, il y a encore une demi-heure, était le royaume des chants d’oiseaux.
Le sourire aux lèvres, Angèle observait depuis la fenêtre de son bureau l’agitation de cette drôle de basse-cour. Sa vocation d’enseignante avait résisté à toutes les réformes ministérielles et à tous les parents caractériels. Elle avait même accepté la charge supplémentaire de directrice, preuve s’il en est qu’elle avait le goût de l’instruction chevillé au corps. Elle suivit des yeux Mina, la petite coccinelle du cours préparatoire, qui portait fièrement sur son dos un cartable rouge à points noirs, aux couleurs de son héroïne préférée. Son allure sage contrastait avec celle de Paul dont la tenue excentrique révélait quelque peu le caractère indiscipliné à l’image de son écriture de cochon. Angèle avait une profonde affection pour ces jeunes qui lui étaient confiés, et du premier étage elle régnait sur tout ce petit monde comme une souveraine bienveillante. Une sonnerie retentit et comme à l’appel du berger rassemblant son troupeau, les élèves en moutons dociles vinrent se placer devant leurs entrées respectives. Il restait bien quelques éléments réfractaires ou bien sourds, mais qui rendirent les armes en apercevant le dragon de service se diriger vers eux.
Dix minutes plus tard un premier moineau se posa pour picorer quelques miettes tombées d’un bout de brioche, puis d’autres le rejoignirent et la cour redevint leur pour un temps compté.
Qu’il est joliment bien “ficelé” et frais, cet Algoscopage! Et tout mon respect pour la conscience professionnelle immuable d’Angèle.
C’est doux, c’est tendre. Il se dégage de votre texte une atmosphère poétique. On part du « Royaume des chants d’oiseaux », on effleure la psychologie d’une « souveraine bienveillante » (une mère?) – psychologie légèrement questionnée par le caractère moutonnier qu’imprime l’institution sur les enfants…-, pour se retrouver, dix minutes plus tard, avec les moineaux.
Vous ouvrez, chère Angelune, les portes à l’imaginaire du lecteur que je suis. Je pourrais lire votre texte de mille manières. Je pourrais vous prêter toutes les intentions du monde…
Et je vous le reproche ! Vous me laissez sans la moindre indication de votre intention première. Vous n’avez pas… pris position. Pourquoi ? Pour m’embêter ? (sourire…)
“Ouvrir les portes à l’imaginaire” est bien ce que je recherche en relevant ces défis. Ce faisant je creuse mon propre imaginaire, dont je confie quelques bribes, et je sollicite celui de mes lecteurs pour combler les éventuels blancs et continuer le chemin à leur guise.
En l’occurrence, nulle intention à long cours dans ce petit texte, juste la rafraichissante vision d’un matin à l’école que les suggestions de l’algoscopage a fait venir à mon esprit.
Vous auriez pu la prénommer ” Christine ” tant je la reconnais dans votre ” Angèle ” .
Vous avez un imaginaire très pertinent saupoudré d’une très grande tendresse, celle d’une réalité .