… Et le clochard apathique se lève à regret de son banc public. Il titube. La foule l’entraîne dans la bouche de métro comme dans un aspirail jusque dans le ventre fournaise des longs couloirs obscurs. Bousculade dans les escaliers.
Ce conglomérat de corps humains s’engouffre pour un trajet d’enfer. Le clochard est jeté par terre. L’enfant moqueur prend son harmonica et joue « la mère Michel », la concierge du quartier, celle qui a délogé le clochard de son banc. La mère Michel est en colère et le clochard, toujours par terre. Les visages dégoulinent. L’air irrespirable empeste la sueur, le métal chaud et les relents de repas. Les barres d’appui sont poisseuses. Les gamins pleurent. Les parents grondent. Les rails grincent. Les oreilles sifflent.
La foule se déverse quelques stations plus loin et tout recommencera le lendemain.
Et le clochard est toujours par terre dans l’insouciante sérénité d’un état comateux.
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Wahou! Bravo ! Ces rimes internes (la poésie) combinées à la réalité (le réalisme d’un Zola) des sensations que nous avons tous ressenties dans le métro, et (!), à la double dualité de la moquerie de l’enfant et de la colère de l’adulte (mère michel) que deviendra forcément cet enfant-là, surchargées des impressions du “toucher”, ET (!), comme si cela n’était pas encore déjà suffisant (!), finir sur l’oxymore d’une “insouciante sérénité d’un état comateux”, et, tout cela en un dizaine de lignes, ET (!!!) en partant de quatre mots : “clochard”, “aspirail”, “concierge” et “sérénité” !
Madame, chère @melanie chaine, je crois sincèrement que tu viens, à l’instant, de donner naissance au véritable “algorisme” !
Brava Madam ! Comment critiquer après ce qui vient d’être dit ? J’aurais pu l’écrire.
J’aime beaucoup. Merci @Guillaume du Vabre ( @algo ) de m’avoir alertée. C’est vrai que j’ai ressenti des émotions fortes en te lisant. Aussi quelque chose comme une intimitée.. je ne sais pas comment dire…