Ma maîtresse est impatiente de m’utiliser. Cela fait déjà quelques mois qu’elle organise, peaufine, vérifie, s’exalte à l’avance de ce que l’on va parcourir, s’imagine, se sent impatiente ! Moi aussi pour le coup. Nous avons déjà partager ensemble 136 kms l’an passé où tout c’est déroulé sans encombre. Je ne lui ai pas fait mal aux pieds, j’ai su tenir la cadence exigée pour cette aventure…..je lui ai prouvé que j’étais capable de l’emmener au bout du monde et qu’elle pouvait avoir une entière confiance en moi ! Et je crois qu’elle m’a beaucoup appréciée !

Voilà venu le temps de la deuxième partie de son projet. Je suis satisfaite de voir qu’après notre première association, elle ne m’a pas mis au rebut. …au contraire, tous ces mois, je suis restée complice de ces ballades et randonnées en solitaire ou accompagnées. Jamais elle ne m’a remplacé par une autre paire de chaussure de randonnées. Je dirai même plus, elle a pris soin de moi au cours de tous ces mois. A chaque sortie ensemble, elle faisait bien attention à  mon bien être…..quand j’étais mouillée par la pluie ou la neige, elle me posait près du poêle à bois ou  de la chaudière à bois pour me réchauffer et me permettre de sécher correctement, ou mieux encore elle prenait soin de moi en me bourrant de papier journal pour que mon intérieur soit bien sec !

A quelques jours de partir pour la deuxième fois, elle me donna un petit coup de pouce, au cas ou en vieillissant je ne tienne plus franchement mon rôle d’étanchéité, en m’aspergeant délicatement d’un produit imperméabilisant. Je me suis laissé faire car je savais   qu’avec toutes les aventures déjà vécues ensembles, je pouvais fléchir de ce côté là. 

Je savais qu’elle avait toute confiance en moi, c’est pour cela que je lui ai apporté tout mon soutien lors des 146 kms de la semaine dernière. Je lui ai été fidèle comme elle le fût avec moi toutes ces années …..pas d’ampoules, pas d’échauffements.. ….je ne faisais qu’un avec ses pieds pour l’aider à relever son défi. Et je crois que j’ai été à la hauteur car au bout du chemin elle a pleuré de bonheur d’avoir réussi son pari, elle a pensé à Modestine arrivée au XIX siècle éreintée, ne pouvant plus avancer, et à regardé ses pieds en me remerciant avec modestie de l’avoir aidé tout au long de ce périple ! 

A ce jour, je coule des jours de tranquillités sur l’étagère aux  chaussures en attendant de repartir avec elle pour de nouvelles aventures ! 

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