Bien évidemment, vous pensez que j’ai de nombreuses choses à vous raconter… des anecdotes, des secrets inavouables à partager… Depuis le temps qu’ils se posent sur moi à toutes heures du jour ou de la nuit…

Mais non… Non moi, vous voyez, non content d’être uniquement public, je suis également un banc pudique.

L’usure du temps qui passe polit les veines de mon bois et mes noeuds témoignent des amours passées sur les trois lattes de mon assise. C’est vrai, j’ai vu lire, pleurer, pique-niquer, rigoler, aimer mille et une fois, mille et une âmes. Mais j’ai toujours fermé les yeux quand il fallait préserver leurs moments en suspend. 

Et plaise au ciel et à monsieur le maire de ma commune qu’ils en viennent d’autres à me côtoyer, je saurais soutenir sans pour autant être un banc trop présent.

Parfois on a gravé dans mes veines de vaines initiales … mais l’humidité m’a fait gonflé. La sécheresse m’a rétracté… Et finalement, mes cicatrices ne témoignent plus d’amours passés mais du  passage de l’amour sur mes planches et ce côté intemporel et humain me plait.

Témoin muet, discret,  mobilier  de quartier au charme un brin désuet, je suis le banc. Et grâce à vous, à cet instant,je me sens important, posé là sous votre fondement

 

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