La tournée du père Noël a commencé depuis quelques heures déjà. Le barbu est dans son élément, le ciel c’est son univers, il connaît tous les chemins tous les raccourcis, pensez donc il fait ce métier depuis 175 ans. Il doit être de plus en plus ingénieux pour déposer ses cadeaux, les cheminées sont bouchées, les portes fermées à double tour, les rideaux baissés, les ouvertures disponibles sont réduites à leur portion congrue. Mais découvrir un trou de souris, un rebord de fenêtre, un abri en bois pour y déposer son cadeau c’est son métier et c’est ce qui en fait le sel! Ce soir le ciel est dégagé, les myriades d’étoiles scintillent sur la voûte céleste. La curiosité du père-Noël et la célérité de ses rennes acrobatiques le conduisent toujours plus haut. En voulant toucher une étoile du bout des doigts, elle se décroche du ciel et le Père Noël l’avale par mégarde. Il sent l’étoile se fragmenter en filaments de sucre et un goût de miel vanillé inonde son palais. Gourmand, il continue son exploration et détache une petite étoile par ci, une comète par là. Rassasié et les lèvres luisantes de sucre, il redescend terminer sa tournée puis rentre chez lui pour célébrer la nuit de Noël.
Avant de se consacrer à sa soirée de réveillon, il enlève son bel habit rouge qui commence à virer rose et le remise avec soin dans la penderie qui lui est dédiée. Il jette un regard en passant devant le miroir et observe ahuri la silhouette d’un vieil homme aux yeux bleus pâle, presque translucides et à la peau plus blanche que neige.
– Nom d’un soldat de plomb, que se passe-t-il?
Amusé mais un peu inquiet le père Noël appelle son voisin, un chaman bouddhiste qui, à ses heures perdues, pratique la divination, il prédit le passé et renie l’avenir.
Le chaman-devin aligne six os de poulets, trois rognures d’ongles et deux coquilles d’escargot. Il s’agite, gesticule, dodeline, convulse. Sa transe s’intensifie, il tournoie autour du père Noël en psalmodiant et en émettant de petits cris comme ceux du souriceau pris dans une tapette et lui annonce:
– Tu souffres d’un albinisme très particulier, non seulement tu es devenu plus pâle que la blancheur mais désormais, tout ce que tu toucheras deviendra aussitôt transparent.
C’est depuis cette mémorable nuit, la nuit des étoiles, que le père Noël est invisible lorsqu’il sillonne le ciel la nuit du 24 décembre et que parfois nos cadeaux aussi restent invisibles.
Encore un très beau conte pour petits et grands qui nous régale 👏
Merci Gigi, c’était chouette à écrire aussi.
Whaou ! Je crois que cette fois ça y est !!!
je crois au père Noël ! 😉
Ah quand même! Enfin!
Une très belle histoire pour faire briller les yeux des petits et des grands qui savent rêver devant le ciel étoilé…
Merci Angelune, la féérie de Noël est à l’œuvre!
Magnifique description d’un personnage merveilleux a relire indéfiniment
Gentil commentaire. Merci Potentille Jaune.
Je me sens comme balancé entre le conte pour enfants et la métaphore philosophique. Oh, je sens bien que les deux sont là, mais mon c’est mon côté cartésien qui m’oblige toujours à devoir choisir… C’est idiot (ce “pseudo devoir”).
En vous lisant, j’ai voyagé. Merci.
Cerise sur le gâteau ? : “…il prédit le passé, et renie l’avenir.” Merci. Au moins trois jours de réflexion supplémentaire… (Sourire)
Merci aussi pour ce retour qui, comme à chaque fois, apporte un nouvel éclairage sur le texte.