Nostalgie
Nous l’avions achetée, modeste maisonnette,
Dans une hameau, au bas de la colline verte,
Où paissaient les troupeaux à la belle saison
Tout en haut, à l’abri, le long des frondaisons
A travers les carreaux, j’admirais le Mont Blanc
Quand l’air était léger et le ciel flamboyant.
En face, dans le pré, gambadait le cheval,
L’oiseau dans le tilleul donnait un festival.
Blanche et carrée, les volets de bois peints en bleu,
Elle abritait alors le chant des gens heureux.
Dans son petit jardin tout parsemé de fleurs
Ivres de leurs senteurs, laissions couler les heures.
Tout à coté, vivait Dédé la chevrière,
Toujours en mouvement et le sourire aux lèvres.
J’attendais ardemment d’aller voir les biquettes,
Aller les traire et caresser leur barbichette.
A côté sommeillait une vraie forteresse
Où se terraient une marâtre et deux enfants,
Elle gardait la porte comme une tigresse,
Fermement, elle faisait fuir les prétendants.
Attaché à sa mère comme aux branches, le lierre,
Marcel happait sa soupe avant d’aller aux champs,
De sa démarche souple et son allure fière,
Libéré de sa mère, il œuvrait en rêvant.
La fille était chétive et même un peu souillon,
On l’appelait ‘’la sœur’’, oubliant son prénom.
Fébrile et affairée, le nez toujours par terre,
Elle allait, grommelant, psalmodier ses misères.
Dégringolant plus bas, on rencontrait Lucien,
C’est lui qui égorgeait tous les cochons du coin.
Avec sa carriole on le voyait passer,
Petit bonhomme rond et lorgnons sur le nez.
Je pense encor’ à vous ! cette vie pastorale
Me collait à la peau, c’était mon idéal.
Blanche et carrée, au bas de la colline verte…
D’un fiasco annoncé, tu es l’unique perte.
J’aime beaucoup, @melanie chaine, c’est long, cela monte en puissance, on sent que c’est du vécu et du reste, ce très beau et long poème est aussi très sensoriel. Il me renvoie beaucoup de choses aussi. Même des “biquettes”…