Chaise de bistrot, je peux dire que j’ai du vécu ! Mais n’allez pas croire que je vais vous raconter une quelconque anecdote sur un des clients célèbres de l’établissement où je travaille ! Ah ! Mon travail ! Comment vous le décrire ! Disons simplement que je suis là pour accueillir le client, enfin plutôt son cul ! Et j’en ai vu passer !
Voyez-vous dans un bistrot il y a ceux qui viennent pour la première fois. Ceux-là posent leurs culs à moitié puis petit à petit, l’atmosphère aidant, le cul glisse vers le fond de la chaise et se cale aux barreaux, confortablement. L’habitué, lui, s’assoit comme en terrain conquis, il a sa chaise, sa table, son verre qui lui arrive comme par enchantement. Il est bien installé, les fesses et les cuisses bien posées.
Il y a le cul timide, anxieux, assis au bord qui va se lever d’un bond, parce qu’il attend. Il lui a donné rendez-vous, c’est la première fois, son cœur bat, même moi d’où je suis-je l’entends ! Il y a aussi le cul serré de ceux qui ne fréquentent pas ce type d’établissement. Il se pose sur moi avec appréhension, parfois après m’avoir épousseter avec un mouchoir qu’ils replient soigneusement. A peu près certain qu’ils boiront un citron pressé, un thé ou un café, selon le temps qu’ils souhaitent passer ici, en tous cas rien d’inconvenant ?
A contrario, il y a le cul du poivrot. Il se tasse, s’ amollit au fur et à mesure de sa consommation, et j’ai beaucoup de mal à le contenir avant qu’il ne s’ éboule.
Il y a le cul ridé, au corps mince, aux cuisses émaciées, qui vient parce qu’il est seul, qui boira lentement en faisant tourner son verre entre ses doigts, et en regardant la salle furtivement.
Il y a le cul du turfiste qui gigote en consultant la liste des chevaux. Celui-là s’interroge, hésite, pense terrain, handicap. Puis se lève laissant son journal sur place, revient avec ses tickets validés. Plus tard, soit son cul s’avachit, il a perdu, soit il frétille, il a gagné !
Il y a le cul des jeunes filles, des jeunes hommes, ceux que je préfère. Les fesses et les cuisses fermes, qui ne doutent de rien. Ils vivent, bougent, dansent, se penchent en confessions, basculent en éclats de rire, tirent des plans sur la comète. Des culs qui vivent, fiers de leurs jeunesses, de leurs beautés !
Il y a des culs mutins, qui disent ce que la tête n’ose pas. Des culs coquins, certains s’affirment d’autres non. Il y a aussi le cul de celui qui veut emballer, si cela dure trop longtemps, une fois l’excitation passée, s’avachit.
Le cul étudiant, ou fauché, qui ne fait que les Happy Hours avec ses potes, où qui vient lire, écrire, révisé parce qu’il y a de la lumière et qu’il fait chaud. Remarquez bien que c’est aussi le cas du radin.
Il y a aussi le cul de celui qui a réussi, et qui le sait ! Bien installé, les jambes légèrement étendues. Il y a du défi, de l’arrogance, de la certitude. C’est un cul qui dit « Je suis », qui mate la salle d’un air conquérant, s’attend à ce qu’on le salut.
Il y a aussi le cul…Mais j’aurais tant à dire. C’est qu’au bout de mes longues années de service j’ai fini par développer une science. La science du cul posé ! Oui cela ne fait pas très sérieux dit comme cela, et pourtant ! Mieux qu’un détective, je sais celui qui a quelque chose à se reprocher, mieux qu’un psy machin-chose je connais votre état d’âme, mieux qu’une marieuse je connais les sentiments, mieux qu’un gastro-entérologue je sais l’état de vos viscères. A l’instant où vos fesses se posent sur moi, je sais tout de vous ! Je peux même vous dire pourquoi vous êtes là, et pourquoi vous m’avez choisie.
Pas besoin de parler, juste de poser son cul !
Bel inventaire humoriste et réaliste!
Une jolie brochette de culs! Bravo!😅
Bonjour Ma Pie, contente de vous revoir, meme si c’est pour une brochette !!!