Ce beau matin d’été ensoleillé, je quittai mon logis temporaire
pour aller de par champs et bosquets, buissons et fourrés, savourer une liberté retrouvée.
Les vents étaient en éveil, les hautaines ramures des grands chênes, toutefois,
ne frissonnaient encore qu’à peine.
À l’appel des parfums dans les airs répandus, mes pas me portèrent aux abords d’un petit ru.
Ouverture du monde! Instant prodigieux!
Dans la feuillée, écrin vert taché d’or, elle se tenait là,
debout, calme dans la lumière, devant moi ébahi.
J’aspirai immédiatement sa beauté.
En quelques secondes de temps, ses deux bras furent déjà nus et sa tête découverte.
Ses cheveux étaient plus blonds que l’orge dans les plaines!
J’en perdis mon haleine.
Quelle suavité dans cette chevelure!
Et toujours savourant cette soudaine apparition,
la clarté de son front rayonnant m’emplit d’un plaisir des plus grisants.
Dans ses yeux d’un bleu si profond, le regard était si doux, j‘aurais voulu peindre sa gravité.
J’aurais reproduit le velouté vermeil de ses pommettes aux reflets de groseille,
couleurs d’un visage sans pareil auquel je ne pouvais croire.
Lentement, elle acheva de se dévêtir, et le ciel sur elle ne fut plus qu’une immense caresse.
Se courbant vers l’onde murmurante, elle s’amusa alors à retenir l’eau vive entre ses lèvres.
Elle était frémissante.
Je jubilais de la voir tout ensemble si fragile et palpitante de joie.
Je l’imaginais, je l’entendais soupirant que l’Amour lui manquait mais qu’Il viendrait bientôt.
Je me voyais être à la fois son amant, son chantre et son vrai maître.
Nos chants d’extase seraient comme ceux d’un immense orchestre aux divins instruments.
Elle était finalement venue s’asseoir sur le bord du rivage.
Elle n’avait point prévu la froideur matinale.
Les doigts de pieds d’avance ravis, elle testa le ruisselet transi et,
le mollet marquant brutalement la douleur du flux glaçant, laissa échapper un léger cri.
J’aurais voulu la réchauffer mais c’était en vain, je le savais,
que le chemin se serait ouvert au tendre entretien.
Je m’enfuis sans un bruit, ne pouvant l’approcher qu’en des vapeurs de rêve,
et par les prés fauchés, je m’en revins rêvant
que je puisse plonger ma tête en amoureuse ivresse
entre ses seins ronds, fermes et blancs.
Sa trace impalpable, d’heure en heure, d’âge en âge, demeure à jamais un vibrant souvenir.
Belle maîtrise dans l’utilisation des vers.
Une petite remarque : j’aurais mis une virgule après onde …
Ah, Mélanie, bonne suggestion / question… Dans ma tête, c’est l’onde qui murmurait… Mais dans le contexte… C’était bien peut-être Ondine…?
Choix fort difficile.
c’est le groupe de mots “onde transie” dont je parle.
Ah, bon, tant pis! J’ai un peu tout remanié et puis je n’avais pas vu la répétition du mot onde. J’aimerais beaucoup un commentaire (même critique) sur la nouvelle mouture. Bonne nuit à vous!
et non l’onde murmurante
“À l’appel des parfums dans les airs répandus, mes pas me portèrent aux abords d’un petit ru.” : ce vers est exemplaire à mes yeux de votre talent à vous approprier la poésie Sklaera.
Ce talent, cette capacité spéciale d’intelligence de l’autre, de l’autre poète (en l’occurrence, mais je parierais que vous savez l’appliquez à d’autres circonstances…), montre à quel point vous lui êtes proche. Montre à quel point, vous l’aimez ?
C’est tout ce que j’ai à dire de votre beau poème. Est-ce tout ?
Il est vôtre, entièrement vôtre, bien qu’apparemment construit d’emprunts. Je dis bien : “apparemment”, car en fait, en vous les appropriant, vous détruisez, tout en les sublimant, les vers empruntés. Vous faites, littérairement, ce ce que Shumpeter appelait, économiquement, “la destruction créatrice”. Vous innovez donc.
Mais au-delà, vous poétisez. Votre texte, votre poème, c’est toute une atmosphère, un monde, une série de questionnements, d’incertitudes, de possibles… Et les rimes internes et autres allitérations nous rappellent qu’on est dans l’art de la langue, et que cet art passe par sa musique. Vous nous montrez aussi, que c’est tout un travail…
Car vous n’improvisez pas, c’est clair. Vous travaillez, et c’est de là que naît – pour moi – la difficulté à critiquer votre texte. Où suis-je légitime à vous dire : pourquoi comme ça, et pas plutôt comme ci ?… Autrement dit : peut-on critiquer librement le résultat d’un effort sans risquer de casser la “bonne volonté” qui l’a produit ?
Eh bien, je m’y risque amicalement et sans prétention de Lecteur : je suis “frustré” sur un point. Vous savez probablement combien j’aime à mobiliser cette notion de “frustration” dans la langue de Shakespeare pour la transcrire, à ma façon, dans la langue de Molière, n’est-ce pas ? Je n’y ai pas encore trouvé d’équivalent…
Alors voyons maintenant ma frustration : j’ai le tournis Sklaera ! (“tournis” : des vertiges convulsifs, une marche en rond…, selon CNRTL) : votre combinatoire du temps des verbes, de l’imparfait et du passé simple – apparemment pris en égaux parfaits – me donne le “mal de mer” !
C’est qu’à mes yeux, voyez-vous, l’imparfait décrit la situation passée quand le passé simple nous invite à nous y investir, à y participer. Dès lors, chacun a sa place dans le passé : le premier pour le décrire, le deuxième pour le faire vivre… dans le présent du lecteur. D’une autre façon, l’imparfait ne servirait à mes yeux qu’à peindre la scène quand le passé simple la rend vivante “actuellement”. Mais ces deux temporalités du passé peuvent-elles se mélanger ? J’en doute…
Dès lors, vous en conviendrez, pour quelqu’un qui raisonne comme moi (ce qui n’est pas “la loi”…), votre poème qui mêle indifféremment, dans la même phrase quelquefois, imparfait et passé simple, …n’est pas simple à accepter ?… C’est-à-dire à lire ?
A mes yeux (n’est-ce pas, “ma lecture”…), c’est un “coin”, un accroc, une petite “imperfection” qui gâche le tableau…
Elle a pour nom “la concordance des temps”. Elle m’obsède depuis déjà huit ans… Ma culture musicale est nulle (hélas…) mais je suis sûr qu’en l’occurrence un-e compositeur-trice saurait nous aider à mieux comprendre la grammaire… (“Oh, pas tous hein !…” sourire)
Bien amicalement,
Merci, @Guillaume du Vabre ( @algo ) d’avoir pris le temps de ce long commentaire critique que je viens d’ailleurs d’imprimer pour le relire à tête reposée et le méditer.
J’admets que mon rapport à la concordance des temps et en particulier à la juxtaposition imparfait / passé simple a toujours été un peu particulier.
Je me retrouve tout-à-fait lorsque vous écrivez “l’imparfait décrit la situation passée quand le passé simple nous invite à nous y investir, à y participer. Dès lors, chacun a sa place dans le passé : le premier pour le décrire, le deuxième pour le faire vivre… dans le présent du lecteur. D’une autre façon, l’imparfait ne servirait à mes yeux qu’à peindre la scène quand le passé simple la rend vivante actuellement” mais du coup, pour moi, rien n’empêche leur cohabitation (à condition de ne pas trop en abuser, ce qui est peut-être le cas dans “Ondine” et expliquerait que je vous ai donné le vertige? 🙃) dans une certaine quête d’intemporalité du souvenir où les émotions / sentiments exacerbés passés rejoignent ceux que l’on tente d’offrir aux lecteurs.
Ce n’est pas très facile à exprimer, tout cela.
En tous cas, oui, l’AlgoMuse me permet de réellement travailler l’écriture, ce qui ne m’empêche pas d’être ouverte à la critique, bien au contraire, sinon je ne mettrais pas mes textes en ligne.
Je souffre un peu du syndrome de la “maniaque”… Ce texte, par exemple, je l’ai déjà repris, remanié, allongé sept ou huit fois depuis hier soir et tant que je ne suis pas totalement satisfaite du résultat (d’ailleurs j’en ai plusieurs autres à réviser), mon cerveau ne cesse de cogiter, je suis littéralement obsédée!
Heureusement que je n’ai jamais imaginé faire de l’écriture mon métier, j’aurais fini aliénée! 😉
Bonne fin de journée à vous et merci encore pour toute cette aide et ce soutien que vous apportez aux membres de notre “communauté”.
Et puis, oui, peut-être que mon rapport à la langue de Shakespeare, à celle de mon pays et à l’écriture musicale y sont pour quelque chose, je ne sais pas.
Quel plaisir de se laisser aller à vivre cet instant pris au vol. Tout en suggestions pour laisser l’esprit imaginer.
Superbe !!
Merci, @SOPH
Mais où êtes vous ? , dans cette si belle poésie et où es t’il, lui ?, ce poète dont vous emprunter les vers, vos mots sont si proches.
Il est le vent, vous êtes des feuilles d’automne et vous dansez ensembles…!
Merci.