Quand j’avais quinze ans, j’étais adolescent et – donc, forcément ! – ne pouvais plus croire en Dieu, ni en rien qu’on eût tenté de m’inculquer. Je l’avais remplacé par d’autres divinités ; il y avait Brel, il y avait Marx et Trotski, Tolstoï évidemment, qui m’amena Rousseau sans m’épargner Voltaire, et tant d’autres, et tant d’autres…

Mais il y avait d’abord… : Moi !

M’étant débarrassé de Dieu, j’étais le centre, l’origine du monde ; tout gravitait autour de moi…

Oh, il y avait bien ce petit « oubli » ; il y avait bien cette « petite gêne »… : j’avais balayé Dieu, mais oublié son corollaire, son alter-ego : Satan !

Quand j’en pris conscience, vers quinze ans et demi – ou peut-être un peu plus tôt (j’étais précoce), quinze ans et quatre mois, je pense -, je commençai de m’intéresser à Nietzsche, et de lui ne tardai point à rejoindre Siddhartha.

Cela dura longtemps, des années je crois.

Des années dont je pourrais peut-être même dire qu’elles durent encore…

Mais c’est bien autrement. Laissons cela. A l’époque, je n’étais pas détective… J’avais tout à démontrer ; rien à prouver. Aucune carte à jouer…

Je m’enivrais des illusions de la jeunesse. Tout mon être – ou était-ce le Vilain ? – me disait que tout était possible ! Je pouvais… changer le monde ! Changer les hommes ! Les femmes, les enfants, les animaux et les plantes, les montagnes et les mers, et même, changer l’Univers !

Ah ! Que c’était bon de porter telle foi, juste après s’être libéré de l’autre…

Ensuite, « j’ai grandi », et me voici.

Tous ces fantômes que j’évoque, me hantent chaque nuit. Je ne suis pas plus malin qu’eux et n’ai pas la réponse. Où est la vie ? Ou alors je la tiens, en la posant autrement ? : y a-t-il vie ? Je veux dire ici : vie humaine. Notre vie peut-elle ainsi se singulariser qu’on puisse la penser en dehors de la « toute vie » ?…

Et sinon, pourquoi tous ces efforts ?

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