Paix du peintre
Nous userons notre âme en de subtils complots,
Parfaitement contrits, abasourdis, abonnissant les flots
D’horreurs qu’un obligat menteur redit à satiété.
Rustre qu’il est, sans cesse, rabâchant la haine,
Sous de sales plafonds un rang de pâles lustres,
Augmentant la terreur hideuse, terrifiante, accablante.
Desperado de la violence et du crime presque parfait.
À ce soldat brisé ! s’il faut qu’il désespère,
Il convient de l’enjoindre d’aspirer au meilleur.
L’esquisse du peintre a toujours, quelque part,
Sur sa toile d’hier, conçu la ferveur d’une étoile
Chassant, à mille lieux, la horde des méchants.
Priant, dans l’antre de son cœur meurtri, qu’une divinité
Ainsi que des dieux étrangers,
Triomphent de cette sale guerre en posant,
Sur son tableau, l’esquisse puis le galbe de la paix
Parsemer sa journée de quelques lectures plus compliquée. Je ne pensais pas que j’en deviendrait gourmette et pourtant.
Sans compter la lecture des commentaires intéressants et riches quant à la vision de l’écrit, des auteurs et de leurs intentions.
Merci pour ce site et ces partages.
Je pensais bien que ce site avait tout pour me plaire! En plus des écrits jubilatoires, drôles, dramatiques,brillants, variés, les commentaires viennent parachever cette impression d’avoir trouvé un lieu convivial, réjouissant. Merci.
Texte difficile (j’ai dû relire), mais à mes yeux poétique en ce sens qu’il crée une émotion (en moi).
Cette émotion est ambiguë… C’est un peu comme s’il me fallait prêter intention à l’autrice. Je me suis dit : elle a tenté de combiner dans un seul poème la bestialité stupide de “l’être” (humain) en partant de deux vers (évidemment sans aucun rapport – direct [autre qu’algorithmique justement] – l’un avec l’autre puisque choisis par un algorithme) à une sorte de morale esthétique de l’humanisme qui se traduirait forcément dans l’art du peintre.
Je pense que mon inconfort (cette sensation d’ambiguïté que je décrivais à l’instant) vient du fait que je ne souscris pas à cette “innocence” de l’art… Pour moi, l’art est responsable.
En tout cas je salue la performance de mêler ainsi, d’abord ces vers, et surtout ces “dimensions” (à mes yeux) antagoniques!
(Guillaume)
J’apprécie toujours vos commentaires car ils obligent à se questionner; à vous questionner.
“Comme s’il me fallait prêter intention à l’autrice” :
– Un auteur a-t-il, forcément, quelque intention quand il tente d’assembler des mots qui lui paraissent s’accorder dans le seul souci de rendre son texte compréhensible ?
Que “la bestialité stupide de “l’être (humain)”, en partant de deux vers, se soit imposée à moi; c’est tout à fait exact car la guerre en Ukraine ravive l’inconscient collectif où sont inscrits toutes les horreurs que l’humanité a traversées.
Pour vous “l’art est responsable” : Ce point de vue m’interpelle :
– La projection inconsciente psychique face à tout art, confirmerait-elle que votre commentaire soit juste ?. (Cela pourrait être un défi à relever ? : Mettre des mots sur la toile d’un peintre, sculpteur, architecte, …)
Lorsque j’écris, je ne sais jamais où cela va me conduire. Est-ce une lacune, voire un défaut, d’auteure amatrice ?
Merci d’avoir pris le temps de lire mon texte. Qu’il ait suscité de l’émotion et que vous ayez salué la performance me touche vraiment et m’encourage.
Hello Gigi !
Merci d’avoir commenté mon commentaire 😉
Préambule : comme j’ai déjà écrit plusieurs fois sur AlgoMuse.FR : mes commentaires sont à prendre comme l’expression de mes ressentis et non comme des critiques littéraires avisées. Je n’ai pas de formation académique en cette matière… Je partage ces ressentis car je veux croire qu’ils peuvent, souvent sinon toujours (mon expérience sur plusieurs sites pendant plus de dix années), a minima apporter à l’auteur un “point de vue” un peu “décalé”. Ce point de vue est par ailleurs toujours sincère (si la sincérité me semble dangereuse parce qu’elle pourrait être blessante, je m’abstiens de partager), et rarement “spontané” (je réfléchis, j’analyse ce qui se passe en moi à la lecture du texte, etc., et ne rédige qu’ensuite.)
Je vais maintenant essayer de répondre à votre commentaire :
“Comme s’il me fallait…” : cette “nécessité” est inscrite dans mon fonctionnement intellectuel. Autrement dit, bien que je m’en défende avec la plus grande virulence (pour des raisons [philosophiquement] idéologiques !…) : je “fonctionne” comme le parfait “petit cartésien” que je ne veux surtout pas être ! Il en résulte que : oui, pour moi : tout écrit [et même toute œuvre d’art !] est forcément [philosophiquement] politique ! Je suis, en cela, (d’abord influencé, il y a près d’un demi siècle, puis…) tombé d’accord avec la vision tolstoïenne de l’Art (le traité sur l’art de Tolstoï que l’on doit pouvoir trouver en ligne…).
Mais attention !… → “Un auteur a-t-il, forcément, quelque intention quand il tente d’assembler des mots”: non ! En tout cas pas de mon point de vue. Je questionne mon propre positionnement (tolstoïen) chaque jour depuis un demi siècle ! J’espère, je rêve même !, de pouvoir un jour enfin le mettre en défaut ! Croyez-vous que je me sois inéressé à l’OuLiPo par hasard ? À la systémique de l’innovation par hasard ?… Non, non : un auteur n’a pas à (ne doit pas forcément) avoir une intention quand il écrit, mais pourtant : il en a une ! Et de mon point de vue : toujours. (Et je persiste et signe en étendant cette conclusion à toute forme d’art, y compris les plus “abstraits”…).
Alors après (pour nuancer un peu), que cette intention soit consciente ou inconsciente, qu’elle soit manifeste ou non, qu’elle soit difficile à cerner au point de donner l’impression qu’elle est absente : je le conçois très bien ; mais elle est toujours là !… (de mon point de vue, hein ? 😉 )
Que “la bestialité stupide de “l’être (humain)” : ce n’était pas une “critique”, mais plutôt un compliment. J’essayais de souligner la perspicacité de l’autrice…
“– La projection inconsciente psychique face à tout art, confirmerait-elle que votre commentaire soit juste ?. (Cela pourrait être un défi à relever ? : Mettre des mots sur la toile d’un peintre, sculpteur, architecte, …)” : Excellente idée ! J’ai d’ailleurs déjà tenté de le faire (voyez les haïkus que j’ai publié sur le site avec pour titre “Synesthésies”). Très bientôt nous mettrons en place un nouveau système technique (sur le site) qui permettra à chacun de proposer des “AlgoDéfis”, c’est-à-dire plus que de simples défis littéraires en ce sens que le système induira [autant que possible] un glissement, une “rupture” dans la formulation narrative qui devrait pouvoir se mettre en place (dans la démarche des auteurs) face à ces défis. Mais bon, ce sera “expérimental” (nous apprendrons de l’expérience). [Ce seront des “AlgoSelfs”… dans quelques jours…]
“Lorsque j’écris, je ne sais jamais où cela va me conduire. Est-ce une lacune, voire un défaut, d’auteure amatrice ?” : à mes yeux, c’est une grande liberté, que je vous envie ! Et quand une telle liberté conduit à une œuvre qui suscite une émotion : je considère que c’est une œuvre d’art ! 😉
Bonjour Guillaume,
Comme Fransoaz le dit si bien, dès le début de mon inscription sur le site « douleur de muse » 😉 (si ma traduction est bonne?) j’ai ressenti cette [impression d’avoir trouvé un lieu convivial, réjouissant]. Je rajoute : encourageant ! Car le titre de votre site n’a bien sûr pas été choisi par hasard !…
Et, ce que j’apprécie, en particulier, ce sont, effectivement, tous ces ressentis exprimés en bienveillance, généreux, attentionnés et toujours à propos. À aucun moment je n’ai ressenti de critiques bien au contraire.
— [tout écrit même toute œuvre d’art ! est forcément politique !] En cela, je vous rejoins bien que ce terme soit, hélas, bien dévalorisé de nos jours. Commenter, décrire, argumenter, être adroit pour le faire est, effectivement, politique ! Adroit dans le sens respectueux des mots.
Ravie que vous introduisiez Tolstoï dans votre commentaire parce que je m’étais fixée, après la relecture du Pavillon des cancéreux de Soljenitsyne, de le redécouvrir.
Pour ne pas dire merci toutes les cinq minutes 😉 sachez que je vous suis vraiment reconnaissante d’avoir imaginé de mettre ce site à portée de tout un chacun ; l’écriture est un lieu où quiconque devrait pouvoir se délecter, voire se réfugier !
Merci de votre retour Gigi 🙂
“AlgoMuse” : en fait, “algo” est ici ambivalent : d’un côté, il y avait bien cette idée de “douleur” (que n’avait pas manqué de souligner @melanie chaine → co-fondatrice de l’association avec moi-même) et de l’autre : l’abréviation de “algorithme”.
En effet, les algodéfis sont produits par un algorithme : l’AlgoScriptor (dont vous pourrez prochainement télécharger la version “familiale” sur le site… quelques semaines encore…). D’où l’idée d’un algorithme-muse en quelque sorte… Ce choix permettait aussi, comme vous le constatez probablement, de créer un univers algomusien.
Voilà pour l’histoire du nom 🙂
PS: Merci à vous-même et @Fransoaz pour vos chaleureux encouragements ! Et merci à toutes les Algomusiennes de leur participation !! (J’aimerais bien pouvoir le mettre un peu plus au masculin mais que voulez-vous, ils ont peur des filles, je crois… 🙁 )