A un mètre quatre-vingt de hauteur, les trois fils roses de ma robe, tressés avec soin, attendent patiemment l’arrivée du soleil. Hier, une multitude de gouttelettes fraîches se sont balancées inlassablement le long de ma jambe. Grâce à la bise mordante, j’ai pu soulager un peu mon corps du poids écrasant de cette pluie. Malheureusement, après une nuit sombre, l’humidité s’est glissée dans mon corps et je grelotte de froid : on se croirait revenu en novembre !
Mes yeux bleus tournés vers le ciel implorent le soleil, ma voix chancelante scande énergiquement : Soleil vient me réchauffer !
Après deux heures interminables, mon attente est récompensée. Le temps s’améliore, la chaleur bienfaisante de mai m’enveloppe d’un voile d’une douceur exquise.
Me voici prête à accueillir draps, serviettes, torchons parfumés de lavande. Les pinces de bois vont me serrer allègrement dans leurs bras costauds. Quand je me serai bien démenée et agitée pour sécher la première lessive : les tee-shirts, pantalons, robes vont arriver dans la journée. Ma robe sera moins chiffonnée par les pinces en plastiques. En fin d’après-midi, ma patience sera récompensée par la venue des petits ensembles de soie délicate à dentelle, des culottes affriolantes colorées de mille feux, des soutiens-gorges plongeants. Des pinces à linge menues viendront les accrocher avec délicatesse. Je me délecterai de la saveur sucrée de ce moment.
Déjà, mon esprit est en ébullition, mes sens en éveil, mes narines s’ouvrent au parfum de muguet et mon cœur bat la chamade. Quel bonheur !