En ce matin ensoleillé de juillet, Pauline se prépare à peindre.
Mais le sait-t-elle vraiment?
La fillette est brunette et secrète.
Le soleil, qui inonde de douceur estivale la petite salle,
caresse son rond visage hâlé où frémissent les ailes délicates de son joli nez.
Du haut de ses trente mois à peine dépassés,
l’enfant contemple silencieusement le haut chevalet et la rangée de pots placée devant:
blanc, turquoise, outremer, vert pâle, émeraude et violet.
Le système audio distille “Le cycle de l’eau”,
un ersatz ésotérique de “Moldau” des temps nouveaux.
Pauline est statique. Concentrée. Stoïque.
Quelques gouttes sonores se transforment en ruisselet,
comme un écho au fin filet de bave s’échappant de ses lèvres rosées.
L’espace d’un instant, elle se tourne vers moi en un lumineux sourire
pour tout aussitôt replonger dans le flot turbulent de ses pensées de moins de trois ans.
De la rivière au fleuve, du fleuve à l’estuaire, de l’estuaire à la mer…
Pauline saisit alors un pinceau de gouache bleue trempé et,
le temps d’une vague digne de celle d’Hokusai,
trace sans hésiter sur le papier blanc un cercle parfait.
“Voilà.”, dit-elle alors d’une voix assurée, sans sourciller et déjà prête à me quitter.
Reposant son pinceau, elle enlève son sarreau et me tourne le dos.
Enfant de l’océan, tu sais bien, toi, d’où vient le goût salé des larmes.
Première lecture (j’étais là !) : méli-mélo poétique, très poétique. Pour moi (ma lecture), tout s’emmêle : on ne sait plus où est l’auteure. On ne connaît plus sa position. Tout fait sensation, émotion.
C’est à mon sens une approche originale et intéressante de l’art poétique. Elle mériterait d’être approfondie…
Merci en tout cas, chère Sklaera, de ce moment de plaisir !
Merci @Guillaume du Vabre ( @algo ), pour ce commentaire critique (je dis cela dans le sens positif, toujours). Je suis preneuse de plus de suggestions pour approfondir ce texte que je mijotais depuis des années, tant le souvenir de cette émotion d’ordre professionnel était puissant.
@Guillaume du Vabre ( @algo ), l’auteur(e) involontaire du texte, c’est ’Pauline’ (ce n’est pas son vrai prénom). Sans son œuvre, mon texte ne serait pas né.
C’est amusant (étonnant, surprenant…), j’étais en train de relire votre texte. J’en arrive pour l’instant à la conclusion que je me suis mal exprimé (ou d’une façon difficile à communiquer…). Laissez-moi, chère Sklaéra, essayer de le dire autrement : en fait (ma lecture), l’auteure est absente ! Elle ne se manifeste que dans le dernier vers : “…tu sais bien, toi…” ; dès lors naît une interaction (car l’auteure prend enfin position), alors que jusque là nous n’avons que description (un peu comme le tableau d’un peintre ?).
J’en avais conclu (ressenti) que l’auteure se dissimul[er]ait délibérément derrière une narration “pseudo-esthétique” ; “pseudo” en ce sens que des positions sont prises (implicitement) par la narratrice (l’auteure donc) en regard de la scène décrite (par exemple : “…trace sans hésiter… ; …une voix assurée…”, mais il y en a d’autres avant et après…). sans que jamais elle ne s’exprimât clairement.
Qu’en conclure ? Rien. Vous avez créé un poème, un vrai et beau poème ; à charge pour chacun et moi le premier de se l’approprier – en l’état…
Immédiatement je me connecte pour saluer de 10 coeurs cette petite merveille. J’étais aux côtés de Pauline. Quel beau texte !
Merci, @melanie chaine.
Et, il se passe quelque chose.
Il y à Pauline, il y a son ” voilà “, il y a la Mer, il y à vous quelque part, il y a votre poésie.
et puis il y a cela, ” Enfant de l’océan, tu sais bien, toi, d’où vient le goût salé des larmes.”
Vos mots distillent une douce et profonde émotion, Merci.
Une petite merveille, enfin deux celle d’une enfant et de sa réflexion, de sa certitude, et de votre texte magnifique
Emotion et poésie entremêlées pour un si beau tableau 😉
Merci, @Angelune
Enfantin et grand. Je suis restée suspendue à ce qu’allait faire cette enfant.
J’adore la chute qui est pour Pauline, comme une évidence, une simplicité qui donne de la force au texte.
Merci, @soph, c’est inspiré d’un fait réel.