En ce matin ensoleillé de juillet, Pauline se prépare à peindre.

Mais le sait-t-elle vraiment?

La fillette est brunette et secrète.

Le soleil, qui inonde de douceur estivale la petite salle,

caresse son rond visage hâlé où frémissent les ailes délicates de son joli nez.

Du haut de ses trente mois à peine dépassés,

l’enfant contemple silencieusement le haut chevalet et la rangée de pots placée devant:

blanc, turquoise, outremer, vert pâle, émeraude et violet.

Le système audio distille “Le cycle de l’eau”,

un ersatz ésotérique de “Moldau” des temps nouveaux.

Pauline est statique. Concentrée. Stoïque.

Quelques gouttes sonores se transforment en ruisselet,

comme un écho au fin filet de bave s’échappant de ses lèvres rosées.

L’espace d’un instant, elle se tourne vers moi en un lumineux sourire

pour tout aussitôt replonger dans le flot turbulent de ses pensées de moins de trois ans.

De la rivière au fleuve, du fleuve à l’estuaire, de l’estuaire à la mer…

Pauline saisit alors un pinceau de gouache bleue trempé et,

le temps d’une vague digne de celle d’Hokusai,

trace sans hésiter sur le papier blanc un cercle parfait.

“Voilà.”, dit-elle alors d’une voix assurée, sans sourciller et déjà prête à me quitter.

Reposant son pinceau, elle enlève son sarreau et me tourne le dos.

Enfant de l’océan, tu sais bien, toi, d’où vient le goût salé des larmes.

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