L’enfant prenait son temps. Il n’était pas urgent pour lui de faire connaissance avec ce monde. Des échos inquiétants étaient parvenu jusqu’à lui.
Dans cette pièce aseptisée, la future maman, fervente pratiquante, n’avait pas voulu. profiter des moyens modernes qui auraient pu la soulager, pour connaître les douleurs de l’enfantement ainsi qu’on lui avait dicté. Une petite séance d’auto-hypnose et la voilà comme envoûtée. Comme une psalmodie, elle répétait ces mots : – Colloglegles Dysujammoxa – Colloglegles Dysujammoxa – ; entrecoupés de cris et gémissements.
La sage-femme, un dragon efficace, entendait mener rondement l’affaire. Les simagrées de l’accouchée lui firent perdre patience et d’un ton sévère, elle s’écria : “allons, un peu de courage ! A la guerre, comme à la guerre !”  Elle connaissait ce dicton « qui veut tout bon ne doit pas dormir ». Mais notre affaire s’éternisait. La jeune femme délirait comme si un fakir lui avait jeté un sort ; la sage-femme sévissait en craignant de rater son dîner en ville ; et l’enfant, lui, restait sur ses positions et gagnait du temps …
Cependant, la curiosité de ce petit être fut la plus forte. Il décida enfin d’affronter les obstacles. Notre dragon, soulagé, se radoucit et prononça ; Ah ! Enfin ! Besogne commencée est plus qu’à demi faite ! Et tout se passa très vite.
Le petit d’homme fut rapidement enveloppé par les mains expertes d’une petite infirmière et emmené dans un univers calme et rempli de douceur, loin de tous ces cris. Et seulement à ce moment, il put considérer que, finalement, cette nouvelle expérience valait peut-être la peine d’être vécue.

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