PETITE MENOTTE @payette

Dans nos vies il y a de beaux moments et d’autres un peu moins. Il en va ainsi lorsque le désamour s’installe, les couples se défont, et de petits bouts de choux sont au milieu. Le temps passant, des couples se reforment, nous appelons cela des familles recomposées. Il faut faire avec les bagages de l’autre, arrondir les angles souvent, accepter quelques fois l’agressivité d’un enfant qui de toute sa grandeur vous dit «  tu n’es pas mon papa, ou ma maman », prendre le temps de s’apprivoiser, d’aimer quelqu’un avec qui l’on n’a pas de lien charnel, qui a entendu peut-être dire du mal de l’un ou l’autre ou des deux. Accepter l’autre dans son cœur, avec douceur et patience, pas facile, il y a parfois de la lassitude, du découragement, l’envie de tout envoyer promener.

Et puis un jour, on ne sait pas pourquoi, les choses se débloquent, les verrous sautent, l’autre n’est plus l’ennemi. Un jour sans que vous sachiez pourquoi, l’enfant va mettre sa petite main dans la vôtre, en hésitant, en se demandant comment vous allez l’accepter, en vous regardant avec un peu d’anxiété, ou avec détermination.

Cette petite menotte dans votre main vous dit que vous avez gagné, qu’il est passé au-dessus de tout le vécu précédent. Il a mis sa main dans la vôtre, comme ça, il n’y avait pas de rue à traverser, pas de foule où se perdre. C’est un moment rare d’abandon à l’autre, d’acceptation, de confiance. Vous êtes entré dans son monde. Une petite menotte glissée doucement sans un mot, avec juste un regard vers vous et dans l’instant qui suit se dirige droit devant. Une menotte qui vous dit que vous allez continuer le chemin avec lui. Vous pencherez la tête vers lui, en silence, parce qu’il n’y aura pas de mots pour décrire ce moment-là où le cœur, s’ouvre,  tressaille et s’emplit de lumière, et vous vous sourirez.