Pietà
Le crépuscule a l’air d’un linceul qui frémit
Pour mieux nous annoncer une lente agonie.
Le silence est glacial et je n’ose approcher,
L’atmosphère est chargée d’une âcre volupté.
L’homme est à demi-nu, dans les bras de sa mère
Qui verse, silencieuse, des larmes amères
De ne pas avoir su l’arracher au supplice.
Grand est le désarroi, pour qui va perdre un fils.
Glissant dans le néant, il se blottit encore
Près du sein maternel, en respire l’odeur,
Sa souffrance est tracée sur sa peau fine et pâle,
De sa bouche tordue de douleur coule un râle.
Sans cesse elle console ce corps décharné
Et souhaite que l’instant soit une éternité.
Et tout deux sont figés en un bloc de marbre,
Dans le froid minéral d’une scène macabre.
Très beau poème merci
;;
merci @payette
Magnifique, @melanie chaine, tout est dit et s’ils sont bien là tous les deux devant nous, mère et fils, on ne sait plus trop bien s’ils sont de marbre ou vivants dans cette agonie. Vous avez réussi à m’extirper des larmes d’émotion…
pour vous consoler, j’ai vite fait un petit texte moins chargé ! (spécial enfants)
Merci, @melanie chaine, mais lire des textes chargés d’émotions (fussent-elles tristes) libère et soulage aussi, parfois. J’avais oublié de mentionner votre superbe “visuel” qui accroche tout de suite le regard et nourrit encore plus votre texte en profondeur. Votre “Pieta” a fait ma journée tout en sensibilité.
“Et tout deux sont figés en un bloc de marbre,
Dans le froid minéral d’une scène macabre.” : que dire ? : sublime.
Je suis rétif à la (toute) religion, comme tu sais ma chère amie.
Tu nous peins la Pietà en te défendant (dans nos conversations “off”) d’entrer jamais dans le mythe religieux.
Soit. Mais il y a le septième vers… (taquinerie, sourire…)
En tout cas, pour moi (ma lecture), un vrai beau poème ! A la frontière du naturalisme pur (“…en respire l’odeur…”) et du spiritualisme “dur” (“…que l’instant soit une éternité…”).
Mais ce sont vraiment les deux derniers vers qui me bouleversent. Ces deux vers, à mon sens, pourraient à eux-seuls faire un poème !
@Guillaume du Vabre ( @algo ), ce texte m’a bouleversée en tant que femme, sans que je ne comprenne pourquoi. Merci, @melaniie, vos mots sont sublimes. J’aime votre façon de passer de la tristesse à la joie, de l’ironie à l’impertinence, puis de vous retourner vers le monde de l’enfance, la source pure et joyeuse, quoique…. J’adore vous lire tous les deux, deux styles tellement extrêmes!