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Pat, jeune écrivain pas méchant mais déconnecté des réalités commerciales, désinhibé à coup de fumette herbacée, avait commis un vol à l’étalage. Interpelé immédiatement, il s’était écrié « les carottes sont cuites ! » dans une lamentable envolée lyrique. Devant le magistrat qui instruisait l’affaire il avait choisi de plaider lui-même sa cause et le fit de manière à redorer son blason littéraire :
« Depuis des jours j’étais affamé et sans force
lorsque je rentrais sans un sou cette nuit-là.
je perdais mon sang et ma chair criait famine
voyant ma mort et que cela viendrait bientôt
alors comme un paradis le magasin s’ouvre
je m’y enfonce avec l’attirance du gouffre.
Le spleen est mon malheur, Baudelaire mon mentor,
devant vous simplement je reconnais mes torts. »
En réponse le magistrat, féru de citations chinoises détournées, étala à son tour sa culture : « Monsieur, mieux vaut remplir le grenier de votre esprit que le coffre de votre avidité, et vous venez de nous prouver que vous avez de grandes prédispositions. Considérons l’incident qui vous a amené ici comme un dérapage qui ne se reproduira pas. Si les dispositions que nous allons évoquer conviennent au plaignant et à l’accusé, l’affaire est close. »
En échange d’un abandon des poursuites engagées à son encontre par le commerçant floué Pat fit une promesse devant le procureur, celle de renoncer à la fumée des pétards dont il était friand et qui le mettait dans un état hors de contrôle et de la remplacer par le parfum de la poésie pour laquelle il avait sans nul doute une puissante attirance.
Étrange conclusion d’une non moins étrange procédure.

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