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Je ne l’avais pas vue venir celle-là…Moi qui pensais être irréprochable, honnête et bien élevée, bien sous tout rapport comme l’on dit…Je découvrais avec stupéfaction que tout peut arriver. Je m’étais endormie dans un coin de cette boite de nuit, mon sac grand ouvert, les lunettes de travers et les habits froissés, et voilà que l’on me reprochait d’avoir commis un méfait dont je ne connaissais ni les tenants ni les aboutissants…

Bien décidée à passer une bonne soirée, pour oublier la journée qui elle, de son côté, n’avait pas tenu ses engagements, je m’étais aventurée dans cette rue animée de Paris, moi qui ne connaissais pas la capitale, moi qui d’aventure était si timide…Oh non, je n’allais pas sortir seule, j’avais accepté de rejoindre quelques amis qui étaient disponibles et prêts à me consoler de mes déboires. En effet, j’avais complétement raté l’oral de cet examen si fastidieux qui m’avait contrainte à apprendre par cœur pendant plusieurs mois les paragraphes les plus insipides et inutiles du code de l’éducation, tout cela pour devenir fonctionnaire…

Quelle déroute ! Mais j’avais choisi de me changer les idées, de m’amuser et d’oublier cette horrible journée et toutes celles qui lui ressemblaient de près ou de loin. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je ne pensais pas être aussi naïve. C’est peut-être ce garçon charmant qui m’a servi plusieurs verres ? Ou encore la jeune femme entreprenante qui m’a fait la conversation une partie de la soirée ? Qui donc avait bien pu mettre dans mon sac une quantité pareille de petits cachets blancs ? Et pour quelle raison ? Y-avait-il des journées prédestinées à être maudites du début à la fin ? Pourquoi ce commissaire de police a-t-il fouillé mon sac ? Avais-je l’air d’une criminelle ? D’une délinquante ou d’une dealeuse ?

En tous cas, forcément, quelqu’un avait voulu se débarrasser en urgence de sa cargaison malhonnête, après m’avoir fait boire un breuvage qui assurerait mon calme et mon silence pendant un certain laps de temps ! Le commissaire qui m’a trouvée, là, affalée sur la banquette de laquelle je n’avais pas bougé depuis des heures, a mis un certain temps à me réveiller. Lorsque qu’il m’a demandé de décliner mon nom et mon prénom, j’ai eu un peu peur et j’ai mis un certain temps à me souvenir de mon identité. Lorsqu’il m’a demandé si ce (magnifique) sac en cuir bleu était à moi, si son contenu était à moi, si j’habitais Paris, si je connaissais le « dragon bleu » et si je venais souvent ici, je me suis affolée. Qu’avais-je fait ? Pourquoi toutes ces questions ? J’avais sur moi une quantité impressionnante de billets de banque…je l’ignorais…j’avais en ma possession une centaine de petites pilules blanches, je le découvrais….et lorsqu’il a dit, de son air le plus antipathique possible : « Cession ou offre de stupéfiants a une personne en vue de sa consommation personnelle /Peine encourue → 5 ans /75000 € amende » je me suis mise à pleurer. Quand il m’a demandé de le suivre, j’ai paniqué. Lorsqu’il m’a pris par le bras pour que je ne résiste pas, j’ai tenté de résister, mais c’est quand il a appelé ses collègues à la rescousse et qu’il m’a dit de ne pas faire d’histoire, que j’ai lâché prise. Je suis montée dans la voiture. Nous avons parcouru quelques rues à toute allure, comme si j’étais une menace imminente à la sécurité nationale, une délinquante hors pair, recherchée par les polices du monde. De toute façon je n’avais pas 7500 euros de côté. Cinq ans devant moi, j’avoue que c’était bien possible en revanche ! Mais que diable, je n’avais rien fait ! Mon sac à main fut entièrement vidé, les petits cachets et l’argent liquide emballés dans des sacs plastiques, mes papiers décortiqués et mon amour propre jeté à la poubelle. Après plusieurs heures pendant lesquelles je m’étais efforcée de paraitre une personne tout à fait normale, alors que je n’étais pas certaine de ce que j’avais fait cette nuit-là, je fus libérée, sans un mot d’explication. C’est à ce moment là que le jury cessa de me poser des questions sur le code de l’éducation, que les murs de la pièce se déformèrent, que la radio débita son flot de nouvelles matinales, que j’entendis les klaxons des voitures en bas de chez moi. J’avais rêvé, tout imaginé, tout inventé. J’avais eu la peur de ma vie, et pourtant ce n’était qu’un rêve. Nous étions samedi, mon concours à Paris n’avait lieu que dans 2 semaines ! Je pris 2 petites pilules blanches au fond de mon sac bleu, et je sentis une liasse de billets me chatouiller les doigts. Tout allait bien, je pouvais me rendormir…

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