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Pour s’endormir

J’attendais depuis quelques jours, avec une fébrile impatience, un sujet dans le défi AlgoProust et j’ai pris ma plume en lisant ‘’inauguration’’, un thème ouvert à maintes possibilités qui pourrait débloquer une imagination que je n’ai malheureusement pas reçu au berceau le jour où ma mère passant devant une quincaillerie … une quincaillerie … l’inauguration d’une quincaillerie, eureka, je l’ai mon idée, mais j’ai peur de choisir la facilité car avec les milliers de références de produits dont je pourrais parler, je vais sûrement être traité de tricheuse, alors je dois choisir autre chose, par exemple, l’inauguration de la nouvelle cloche de l’église de mon village, mais, zut, là encore, avec trois mille habitants que je pourrais énumérer, décrire un à un, il semble que le subterfuge serait trop visible car il sera très aisé d’écrire un maximum de mots, en une seule phrase, ponctuée de simples virgules, ces toutes petites virgules, essentielles dans cet exercice, de toutes petites vagues élégantes, accroche cœurs des mots, souffles d’un ange, notes spirituelles qui vous permettent, cher lecteur, de prendre une respiration bien méritée et j’en profite pour vous remercier chaleureusement et vous féliciter d’être arrivé là, ce qui prouve que votre art de vivre vous tient en bonne forme face à cet exercice rébarbatif, soufflé par Marcel, le fameux écrivain dont on commémore cette année l’anniversaire de sa disparition et je dirai simplement, celui de la madeleine, car, qui peut se vanter de l’avoir lu par le menu, je vous demande, là, de répondre avec franchise car je donne raison à Marcel Proust quand il dit : ‘’Il n’y a qu’une chose vraiment infâme, qui déshonore la créature que Dieu a faite à son image, le mensonge’’, mais peut-être l’avez-vous rencontré cet ouvrage lors de vos promenades dans un de ces vides grenier, ce fameux livre, aux phrases longues comme un jour sans pain, format livre de poche, sentant le moisi, un peu jauni, en train de s’ennuyer parmi les nippes défraîchies et malodorantes, mises en tas, à même le sol et que les midinettes s’arrachent dans l’espoir de trouver l’occasion unique, pour un simple euro et qui feront d’elles les dénicheuses spécialistes de vintage et que les meilleures copines, à la sortie du lycée, envieront tellement qu’elles n’iront plus dépenser l’argent de papa gâteau dans les boutiques de luxe outrageusement onéreuses, ce qui leur laissera une parenthèse, je dirais même, une toute petite virgule dans le temps, pour réfléchir au bien fondé des achats de seconde main, tant la planète, aujourd’hui, est jonché de vêtements, pour certains, portés une seulement une fois, par exemple, pour la soirée inaugurale de la fameuse statue de ce sculpteur renommé, pour être aussitôt délaissés par ces petites capricieuses qui se lassent de tout et ne mesurent pas l’impact néfaste qu’elles produisent sur cette planète qui étouffe, tel un lecteur qui sauterait les virgules en estimant être un sportif de haut niveau quand, devant sa télévision et quelques cannettes de bière, il s’emballe, trépigne, gesticule et vocifère pour un match de seconde zone, tandis que son épouse a sa tête des mauvais jours puisqu’elle ne peut pas regarder, à cause de ce match (et de son mari), (et des enfants qui chahutent), la série télévisée, recommandée par son aimable voisine et qu’elle suit depuis des années, alors qu’il ne s’y passe strictement rien, comme ça, elle n’oublie rien, seulement pâmée devant la fade beauté du protagoniste aussi éphémère dans sa vie d’artiste qu’une étoile filante dans une nuit d’été, que ne manqueront pas de regarder et d’admirer des millions de gens superstitieux, car ils ont fait un vœu et espèrent être exaucés de leurs demandes les plus farfelues mais ne se décourageront pas s’ils n’obtiennent rien et recommenceront l’année suivante en écoutant leur petite voix intérieure qui leur conseillera amicalement mais fermement d’être un peu coopératifs dans leur actes, qu’on ne peut pas toujours obtenir ce que l’on souhaite sans effort, que cette petite étoile filante a un nombre considérable de demandes difficiles à gérer malgré l’aide de toute la galaxie qui a fort à faire dans cette nuit magique, lorsque, dans l’axe de la voie lactée, virgule lumineuse dans le ciel, surgit une pluie d’étoiles filantes, spectacle de toute beauté que j’ai vu un certain mois d’août, si beau qu’il me laissa médusée, sans voix, oublieuse de toutes ces fadaises de vœux incongrus, générées par le besoin d’un avenir meilleur basé essentiellement sur les choses traitant de l’amour ou de promotion sociale.

743 mots : j’ai battu mon record personnel. Youpi !
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