J’aimais quand tu pressais ta plume sur mon dos, ou que ton encre filait sur la page puis laissait s’échapper parfois trop empressée de légers incidents.
Alors j’intervenais, oui, je buvais tes bêtises. Diligent et efficace, un tapotement précis suffisait bien souvent à sécher ton bon mot ou bien son excédent. J’étais à ton service, valet, ami et confident. Et parfois quand tu t’ennuyais , tu laissais s’échapper directement sur moi, l’encre bleue qui s’étirait en une tache ronde épaisse puis s’alourdissait doucement jusqu’à me transpercer pour ainsi dire « le coeur ».
Mais tout cela n’est plus.
Qui a bu, ne boira plus.
Bien des torrents de phrases ont coulé de ta plume que je n’ai plus goûtés, et que surtout, je ne goûterai jamais plus!
J’ai séché tes larmes d’encre et tes mots trop salés que je n’ai pas le coeur à me remémorer. Je suis de ceux que l’on aime, que l’on use puis que l’on jette.
Ainsi sois-je: Buvard un jour et perdu pour toujours.
Tu as étanché ma soif à jamais, et c’est mieux ainsi.
J’épongeais tes soucis , tu me confiais tes dires. Je croyais l’équilibre à jamais instauré.
Mais c’était sans compter sur une vile relève….
Ordi et compagnie… ont asséché la langue et tous les encriers sont à présent doté de stylos, de trombones ou de fleurs séchées.
Adieux Sergent, adieux Major, adieux à toi calligraphie!
Ton orthographe à l’agonie ne cherche plus sa correction…
– tkq – tql -oklm-
Délicieux hommage aux buvards d’antan. Super !
Belle histoire de buvard. Heureusement qu’ils étaient là !