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Que la route impatiente me semblait longue, pourtant ponctuée de repères rassurants et pérennes.

Donjon sur son éperon, vestige de Richard Cœur de Lion… Puis un château mythique, aux arches enjambant des eaux sombres… Et des peupliers alignés veillant sur un canal eutrophisé.

Enfin le grand portail de bois blanc, l’allée de graviers tout crissants, maison triangle saumon, drapée d’ampelopsis rougeoyant, grand-mère souriant entre deux volets.

Son parfum de savon Roger & Gallet, ses beaux cheveux argentés, ses bras moëlleux pour me cajoler.

La table était dressée et n’attendait plus que pépé pour nous régaler.

Il arrivait à pas lents de jardinier, moustache en bataille, économe de parole et de sentiments. Il avait beaucoup vécu avant.

En mangeant ces plats nourris d’amour, j’écoutaisheureuse et coite – la comtoise ancestrale égrener les minutes et sonner les quarts-d’heure, âme, souffle et chant de ces lieux habités.

Sitôt du repas libérée, droit vers le paradis je filais: senteurs suaves des rosiers, tulipes chamarrées, mélèze immense comme une canopée.

Rucher, clapiers et poulailler.

Fruits et légumes croissant en abondance.

Et longeant un muret, quelque vigne folle aux noirceurs purpurines, savoureuse et juteuse à souhait dans mon palais rassasié.

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