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C’était comme dans les films, vous savez, ceux qui se déroulent aux Etats-Unis. Il y a un immeuble en briques rouges avec de nombreuses fenêtres, et tout en haut un  toit terrasse avec parfois un ancien château d’eau. il y a aussi des publicités aux néons tapageur  éclairants telle ou tel star vantant les mérites d’un produit quelconque n’ayant de vertu que celle de remplir les caisses de leurs créateurs.

Sauf que là c’était quelque part en France. Ils venaient d’emménager au dernier étage d’un immeuble à toit terrasse. Auparavant ils n’y étaient passés qu’en journée, le temps de faire les travaux nécessaires,  peintures, meubles de cuisine à monter, enfin toutes les choses habituelles. Ils avaient amené leurs cartons au fur et à mesure que les pièces étaient terminées. Et puis ce fut le grand jour. Les clefs de l’ancien appartement que l’on rend. Les voisins que l’on embrasse, avec qui l’on boit un dernier verre, en se promettant de s’inviter. Le petit pincement au cœur lorsque l’on monte dans la voiture garer bien sagement sur le parking pour la dernière fois. Et puis l’arrivée dans le nouveau logement. L’odeur du neuf, de peinture qui stagne encore un  peu, le propre, le bien rangé des premiers jours où les traces de vie ne sont pas encore présentes.

Ils étaient heureux de passer cette première nuit, avaient fait un repas « amélioré » bon plat surgelé, et bonne bouteille de vin. Ils avaient discuté une bonne partie de la nuit, se disant ce qu’ils allaient faire, les endroits qu’ils avaient commencé à repérer, le petit bistrot au coin de la rue, la boulangerie, le supermarché, l’école, les bus. Ils avaient parlé de la crémaillère, des copains, de la famille à inviter. Ils étaient partis se coucher sur le matin.

Et il y eut ce bruit, comme des roucoulements. Au début ils trouvaient cela drôle. Au bout d’un moment cela devint pénible, puis franchement énervant. Alors ils avaient regardé, d’abord sur le balcon, enfin, en désespoir de cause, et surtout pour trouver le sommeil, ils étaient montés sur le toit par l’échelle située sur le palier juste à côté de la porte d’entrée.

Et là ils regardèrent époustouflés. Une dizaine de pigeons dans une cabane ouverte aux quatre vents, serrés les uns contre les autres. A n’y rien comprendre. Ils allèrent chercher du riz, ne sachant que faire, ils redescendirent, se disant que le lendemain matin, ils remonteraient  sur le toit pour prendre la mesure du problème.

Le lendemain , sur le coup des dix heures, ils remontèrent sur le toit. Il y avait toujours la cabane, faite de planches disjointes et de grillage métallique. Elle était ouverte et semblait ne plus servir. Ils y avaient encore quelques grains de riz, et des plumes. Et puis comme les attendant une bague métallique portant un numéro. Elle était ouverte, un peu rouillée. . Elle disait des voyages sous les ailes d’un pigeon, des plis portés, des messages peut-être secrets. Elle évoquait un  lien ténu, inexplicable, un chemin que seul un volatile connaissait en dépit de toute logique. Elle indiquait quelqu’un au loin, un homme ou une femme, qui attendait certains jours à certaines heures, un pigeon gris bleuté qui arrêterait son vol près d’elle ou de lui. Elle exprimait un monde sans technologie, où l’instinct animal était plus fort.

Cette bague laissait la porte ouverte à pleins d’histoires, de rêves, de découvertes.  Alors ils rêvèrent, et les roucoulements se turent !

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