Rêverie musicale @melanie

Évasion

L’ombre de Beethoven rêvant sa pastorale m’enveloppe et m’entraîne au-delà du réel, me plonge dans l’oubli d’un quotidien banal pour muser à travers la douceur bucolique de la vie rurale.
Je goûte l’instant avec gourmandise, et mon esprit s’éveille au son des violons dont les archets dessinent des volutes diaphanes dans le ciel. Les notes se font velours. Les grandes frondaisons caressent les nues ouatées qui s’effilochent lentement. Les instruments à vent font vibrer l’air et bavarder les passereaux. Une brise court dans les prés herbus et fleuris.
Le tempo s’accélère. Le ruisseau batifole entre les pierres moussues et jette des gouttes de pluie dans un bondissant allegretto. Les yeux mi-clos, je me laisse bercer de doux chants dans cet univers onirique. Je respire au rythme de la mélodie pour me fondre en elle. Alchimie créatrice de la musique et de l’esprit, source de plénitude et frissons de plaisirs.
Soudain les violoncelles lancent leurs accents graves tandis que le ciel s’obscurcit. Les instruments m’entraînent dans un tourbillon. Les archets se font lourds sur les cordes. Les percussions s’invitent au tourment. L’air est pesant. Mais déjà, au loin, des notes joyeuses chassent la menace. La mélodie se fait câline. Tout s’apaise. Je savoure, jusqu’à la dernière note, cette symphonie. Je saurai retrouver le chemin pour m’évader, loin des tristes jours.