L’épi de blé frémit.
D’un trou surgit la souris.
“Vous êtes où ? s’écria-t-elle, vous n’êtes pas drôles. J’ai failli me faire attraper !”
Le souffle d’air, chaud et humide, lui répondit par une petite brise.
“Je peux vraiment pas compter sur vous
– Elles sont derrière l’arbre, murmura le frelon, mais ne dis pas que je te l’ai dit, elles m’écraseraient en trois mouvements. T’as qu’à les ignorer. Elles sortiront bien de leur cachette.
– De toute façon, je peux bien me débrouiller seule, fit la souris d’un air contrit. Je n’ai pas si peur que ça, dit-elle en s’élançant de l’autre côté.
– Attends, ne va pas plus loin que le carré d’herbe jaune, tu pourrais le regretter. Il y a l’eau noire où tu pourrais te noyer dans la gueule d’une queue-de-mer.
– Parle pour toi, bourdonnement ambulante, t’es bien plus petite que moi
– Vas-y, fais donc ta maligne mais quand la queue-de-mer t’aura enfilé dans son gosier, on verra qui est la plus imposante de vous deux.
– Queue-de-mer ?
– Oui, la vieille écaille, la p’tite à poil d’eau, celle qui tourne en rond, celle qui va te croquer si tu continues.
– Mais c’est mon AMIE ! Elle est enfin revenue dans les parages !
– Quoi ?!
– Allez, salut agitatrice d’air, merci pour tes bons mots !”
Le frelon, interloqué, s’arrêta sur le bas-côté.
” Comment une bestiole de terre peut-elle s’entendre avec une bestiole d’eau ?
– Tout pareil que toi qui squatte ma fourrure, répondit la bison, y’a pas de frontière, jusqu’à ce qu’on se bouffe.
– Pardon mais y’aura toujours une différence entre nous. T’es plus grande et plus forte que moi. T’es certes maladroite mais tu t’en sortiras toujours
– T’es tout aussi maladroit, bzzdodu, mais toi tu restes invisibles aux deux-pattes, tu seras pas en danger face à leur yeux tireurs.
– Et si tu m’écrases ? Et si eux m’écrasent ?
– Et si tu me piques, et si tu les piques ?
– Je vais me louper bien avant d’arriver à ta chair fraîche vu la quantité !
– T’as déjà essayé alors !
– Non je préfère ménager ma monture.
– Je ne te sers qu’à ça ?
– Non, à me tenir compagnie, et me faire conversation.
– Donc je suis juste utile.
– J’voulais pas dire ça.
– Tu l’as pas dit. Mais quand tu te demandes pourquoi les deux queues s’entendent, ça veut bien dire que tu ne vois pas d’autres liens.
– T’es ridicule. Un ridicule monstre de poils.
– T’es piqué à vif, bzzvexé
– Très drôle.
– Dis moi pourquoi tu as aidé queue de terre ?
– Parce que les autres la précipitaient dans un piège.
– Et ? Tu pourrais la laisser chercher, pleurer, bégayer, non ?
– Dans le groupe, y’a un traître à notre cause. Je voulais aussi dérouter son jeu. Regarde-les ces bouffonnes en train d’attendre pour lui sauter dessus.
– Un p’tit ride ça te dit ? On leur fonce dessus ?
– Go ! Puis on ira retrouver Queue-des-champs et queue-de-poisson tailler la bavette.
– Je t’ai déjà dit que j’aimais pas cet humour noir…”
Le sol trembla, la poussière se souleva, les chattes grimpèrent à l’acacia.
Quand la poésie se combine à la fantaisie tendre de l’enfance,
Quand le danger apparaît qui nous met en haleine,
Quand la complexité du vivant se déploie si simplement dans la nature,
Quand la philo pointe son nez, juste aux frontières…,
Quand…
Oh mon dieu, que nous servez-vous là, Mahaba !?
Et en plus, ce conte sublime, vous l’écrivez en français
Et le créez sur AlgoMuse !
Merci. Merci. Encore ! Encore ! Encore !
Bienvenue sur l’Algo !
@Guillaume du Vabre ( @algo ) ! Merci beaucoup pour l’enthousiasme qui émane à travers l’écran 😀
Si j’avais écrit dans une autre langue que ma langue maternelle, je suis prête à parier que vous n’auriez rien compris car je ne sais même pas ce que j’aurais écrit. Ahahah.
Avec plaisir pour continuer d’écrire 🙂