Moi? Je suis un sac, voilà tout. Je suis très beau, tout de même. J’ai des spirales, des couleurs dorées, vertes et bleues. Je suis grand, je suis utile. Mais ma vie? Elle est banale. J’aurais tout gagné à être un sac poubelle… Moi, à l’intérieur, je suis pourtant plein de fantaisie, comme mon physique! Je voudrais dans ma vie plus de hauts, moins de bas…
J’ai été cousu par une dame assez forte, mais qui n’est pas couturière. La dame qui m’a cousu s’appelle Orev. Orev prend des cours de couture. Un jour, elle m’y a emmené. Les dames, ses copines, m’ont admiré en poussant des exclamations. Et vas-y que je te prends une photo, et vas-y que je te l’envoie… Que je te la montre… Dans l’atelier, je suis très aimé! On repart.
Le temps passe, passe… Apparemment, on parle de moi.
Un beau matin, Orev me prend dans ses bras, et me chuchote:
-C’est le grand jour!
Je suis vide, et pourtant elle m’emmène. On arrive dans une salle avec des projecteurs éblouissants, des caméras de partout… On me filme, on filme Orev. On ne parle que de moi! Mais pourquoi? Orev me dit que je suis une vraie star! Que je suis si beau que nous sommes connus, à présent! Je suis si content! Elle ne me ment pas! Des journalistes défilent dans le salon, je me vois à la télé…
Ca y est; je crois que j’ai compris: tout le monde dit qu’Orev coud bien. C’est moi l’exemple! En fait, on me dit que je resplendis, que je suis beau! Et on loue Orev pour ses talents de couturières…
2 mois après, je suis dans une vitrine, sur un petit podium. Des milliers de sacs me ressemblent et m’entourent!
A présent, j’ai lancé une nouvelle mode, à spirales et à couleurs!
FIN
Fidèle à toi-même … encore un texte inventif.
“…je suis un sac, voilà tout…” Tout est là.
Et pourtant, ce sac-là n’a de cesse de vouloir être ! De devoir comprendre ce qu’il est…
Coline, c’est un beau texte. Enthousiasmant. On rêve, on voyage…
Je reste un peu sur ma faim cependant… : finit-il heureux, ou malheureux, ce sac ? Ou peut-être cette question n’a-t-elle pas lieu pour l’autrice que tu es ? D’ailleurs, “finit-on” jamais ?…
Car enfin, pour moi, tu m’as invité à réfléchir sur son sort… Sur le mien ? Sur le sens même de l’existence ? (Nous, les “pluvieux”, on appelle ça la “métaphysique” figure-toi…)
Vous compliquez tout @gepetto ! (toujours) Je ne vous reproche rien. J’aime vous lire. Mais là vous exagérez. C’est juste un sac à rêves ! Evidemment qu’il est heureux ! Vous ne le voyez pas son bonheur d’être aimé de tout le monde ?
J’aime beaucoup. Cinq étoiles pour ce joli conte !
Tes étoiles sont des cœurs, chère @julie 😉
Permets moi de souligner que @colinelagrange a écrit ce texte lors d’un présentiel (en 20 mn!)
Merci !
Gepetto, au début, le sac est effectivement malheureux parce qu’il est un sac. Et un sac, ça n’est pas toujours destiné à de grandes choses… Ca n’a pas la vie dont rêve ce sac là.
Et puis il devient connu, et ça c’est inédit!
Alors je te rassure: il est heureux à la fin ! Car il a eu ce qu’il voulait: une VRAIE et EXCITANTE vie!
Je te répond parce que je sais que c’est très énervant quand on se pose des questions sur la fin d’une histoire!
Merci de ta réponse Coline. Je comprends mieux.
Mais je ne suis pas d’accord avec toi sur un point : “…je sais que c’est très énervant quand on se pose des questions sur la fin d’une histoire!”
Je crois, de mon côté, que c’est mieux, quand, à la fin d’une histoire, on se pose des questions. On peut alors imaginer la fin de l’histoire…
J’avoue que c’est l’image qui m’a attirée. Et puis j’ai lu. Quel beau texte ! Quelle légèreté et quelle profondeur en même temps ! D’accord avec @julie, cela mérite largement 5 coeurs ! Dommage qu’on ne puisse en donner plus…
Comment ? On parle de moi ici ? Ah, oui, le sac à rêves de Coline ; génial, hein ?
Un sac à rêves vaut bien un sac à m … ou un sac à vin. Que peut-il espérer, c’est sa créatrice qui en retire tous les bénéfices. Finir dans une vitrine c’est mieux qu’à la poubelle. Les créations peuvent-elles se rebeller?