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Les élections présidentielles avaient portées au pouvoir un homme que personne n’attendait. A peine le traditionnel sondage avait révélé son visage que le pays avait été sous le choc. Personne n’avait compris. Le matin le pays se réveilla avec ce que l’on nomme communément la gueule de bois.

Même si les premiers discours du nouveau Président avaient tenté de rassurer la population sur ses intentions et les finalités de son programme, peu à peu ses actes avaient contredits ses paroles. Depuis les mesures de répression n’avaient cessées. Le pays en avait assez, mais personne ne savait quoi faire. L’assemblée nationale était dissoute, les quelques courageux candidats d’opposition ne faisaient pas long feu, la rumeur parlait de menaces, de familles emprisonnées. Et comme de bien entendue la presse avait été muselée. Se voulant rassurant le Président décida de faire un tour en province, dans la France profonde, si possible chez un de ses partisans ;

Une visite avait été organisée dans mon village. Un gros bourg de cinquante mille habitants, avec sa rue de la République qui menait à la Mairie. Ironie du sort, pour lui, le Président, la République était le cadet de ses soucis, c’était un régime fait pour les faibles, il avait fait décrocher le tableau de Delacroix «  la liberté guidant le peuple de Paris…), quant à Marianne, il l’aimait en statue dans les mairies, jolie femme au regard fixe, et surtout muette.

Lorsque l’annonce de sa venue nous avait été communiquée, nous avions, avec beaucoup de précautions, cherché comment lui faire savoir notre opposition, comment dire non, alors que toute manifestation était interdite, et serait à coup sûr durement réprimée. Ce furent les anciens militants qui nous fournirent la solution, imparable, non violente, et pourtant d’une force extrême.

C’était le 31 janvier 2023. Nous nous étions donné rendez-vous sur la place de la mairie pour former nos groupes. Le maire à sa fenêtre nous voyant des bouquets dans les mains pensa qu’il s’agissait d’un accueil partisan, il laissa faire. Nous nous sommes tous répartis le long du trajet prévu.

Le Président, sans doute avertit par le Maire qu’un bon accueil lui était réservé, se mit debout à l’arrière de son véhicule pour saluer la foule massée le long de la rue de la République. Au fur et à mesure qu’il avançait les citoyens lui tournaient le dos et brandissait un œillet rouge symbole d’une révolution au Portugal. Pas un bruit, pas un cri, pas de musique. L’élu remonta toute la rue dans un silence de plomb, même les mouettes s’étaient tues. Arrivé à proximité immédiate de la Mairie, ordre fut donné à la fanfare de jouer, les musiciens à leur tour se levèrent, tournèrent le dos.  Il pénétra dans la mairie sans se retourner, il s’était attendu à tout, aux insultes, aux jets de pierre, d’œufs, et que sais-je encore, mais pas à rien. Dans la rue et sur la place, vides, ne restaient que des œillets rouges posés au sol.

La manifestation fit des émules. Un nouveau mouvement vit le jour «le silence de la révolte ». Quelques années plus tard son leader fut élu Président de la République. Il faut croire que l’on ne touche pas à Marianne sans conséquence.

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