Je suis un lampadaire. Que ne suis-je un réverbère?

J’aurais au moins, comme mes ancêtres lointains, quelqu’un pour prendre soin de moi deux fois dans la journée.

Contrôlé à distance, je suis le gardien solitaire de villes dortoirs qui sans moi seraient plongées dans le noir.

Je veille sur les insomniaques promenant leurs petits chiens, je veille sur les voitures parfois incendiées par des gamins.

J’éclaire de mon faisceau des immeubles impassibles.

Je projette au sol une froide lumière et vers la voûte céleste, uni avec mes compères, une chape orangée que l’on peut de loin distinguer.

Que me manque qu’à mon pied reviennent des amants s’embrasser, que je puisse les protéger.

Mais dans ces villes mouroirs, ils préfèrent se cacher.

 

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