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A travers moi, elle lui disait, du haut de ses quatre ans, qu’il était de tous, le meilleur. Que son museau sentait le bon, que même usé, elle l’aimait trop et que jamais aucun doudou ne pourrait le remplacer.  Elle me décorait de coeurs et j’étais à moi seule la chaleur intense du bonheur enveloppant d’une enfance sans heurt. C’était si bon.

Puis les années ont entamé en quelque sorte son attachement, et le nounours est aujourd’hui dans un carton chez ses parents.

 Mais moi, moi,  elle ne m’a pas quittée.  A moi, elle confiait son coeur tout en croyant s’adresser à son homme.J’étais sa portée de mots, à portée de mots. En moi, elle exprimait l’envie qu’elle avait de se lover dans ses bras, l’intense douleur de la dispute, ou la passion qu’il provoquait en elle… J’étais si fière de son aptitude à aimer! 
Quand elle me rédigeait ainsi, je me disais, va t’elle me tendre? Vas t’elle seulement oser m’envoyer?

Mais  non… elle me gardait, me relisait, me chiffonnait, puis me jetait pour souvent me réécrire. Pourtant si vous saviez, les mots qu’elle me confiait!

Je sais avoir été rédigée à plusieurs « ours » remplaçables avant qu’elle n’ait trouvée le bon. Rassurez-vous, les autres ne sont pas pas pour autant remisés dans des cartons! Disons juste qu’une fois le museau usé, elle a souvent cru bon de devoir en  changer.

Mais aujourd’hui, c’est différent. Je le sais car elle m’a choisie courte, efficace et sans détour:  

« Je sais que je t’aime, ton museau sens trop bon. Viens, je t’attends à la maison. » 

Elle m’a envoyée ce matin.

C’est la première fois pour moi! Quel bonheur de savoir qu’un autre va me lire enfin.
Croyez- moi, je vais vibrer de tous mes mots, comme seul peut le faire une lettre d’amour sincère.

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