Comme tout voyage au long court, celui-ci demandait un minimum d’anticipation. Bercul Lysselnir récapitula les préparatifs effectués et ceux encore à faire. Le meilleur véhicule pour son expédition sur place était un Lugbor de dernière génération, volant à moyenne altitude – cela lui était suffisant – mais surtout amphibie et donc indispensable pour la traversée des grands lacs jalonnant son parcours, la réservation pour cet engin coûteux reposait sur son bureau. Son but ultime était la ville de Thilisbir, au nord-ouest de la région où résidait le cyribejy ce grand mammifère aquatique et herbivore qu’il avait entrepris de découvrir au passage, un rêve de gosse aujourd’hui accessible. En ce pays d’explorateurs et d’aventuriers de toutes sortes il était sûr de trouver l’hébergement qui lui conviendrait, ce point restait à régler. Sa seule interrogation concernait la nourriture, il n’était pas certain de pouvoir s’approvisionner sur place en Kozu, une algue hyper-protéinée dont il faisait grande consommation à tel point qu’il y était devenu accro ; s’en passer pourrait devenir pour lui un vrai calvaire et l’handicaper fortement pour ses expéditions. Il décida d’en commander immédiatement une bonne quantité, sous forme déshydratée elle ne prendrait guère de place dans ses bagages. Le MUC* se mit à vibrer, annonçant une demande de mise en communication. Bercul se pencha sur l’écran et soupira profondément, c’était Ginena et il allait devoir lui annoncer son départ pour cinq ans au moins, une annonce difficile qu’il avait repoussée de jour en jour. Son voyage, il devait bien se l’avouer, ressemblait à une fuite devant une histoire sentimentale dont il ne savait plus que faire. Changer de planète était une méthode radicale.
*Module Universel de Communication
C’est fou comme ces mots semblent d’une grande normalité ainsi insérés dans l’histoire ! J’aime beaucoup !!!
J’adore votre texte ! ingénieux l’utilisation de tous ces mots
J’aime beaucoup aussi, les mots nous deviennent familiers rapidement tellement ils s’insèrent avec fluidité.
Errant dans les méandres des énigmes informatiques qui font que malgré toutes mes tentatives hasardeuses ce site tient encore debout, un peu épuisé de ne pas trouver LA solution à l’intégration des pages d’annuaire (à venir) sans “sidebar” (colonne de droite), je me disais comme ça : “Lis un texte, change de monde ! Ça aide souvent à trouver la solution, de changer d’idée…”.
C’est comme ça que je suis arrivé ici ! Et j’ai lu votre texte.
Problème ? Il m’a invité dans son monde. Un monde plein de promesses ! Regardez : Thilisbir, cette “ville-mammifère aquatique”, ne va-t-elle pas me dévoiler enfin la sagesse de l’architecture urbaine du futur ?
Et surtout, bien sûr, pour moi, pauvre terrien du XXIème sc. (plutôt du XXème d’ailleurs…) : la pauvre Ginena, dont je sens bien qu’elle a quelque chose à faire au Portugal, pourra-t-elle se remettre de cet abandon ? N’a-t-elle pas déjà vécu mille fois – par la voie du MUC (qui transcende, comme chacun sait, l’espace-temps) – cette intrusion de la violence dans la rupture amoureuse dans les temps révolutionnaires ? (“Night train to Lisbon”…)
Bref, votre texte m’a happé ! Captivé, non, capturé !
Mais… “Changer de planète était une méthode radicale.” : sûr[e] ?… C’est marrant, je parierais que Bercul pourrait encore renoncer à partir…Un peu comme s’il concevait, tout à coup, qu’il ne peut être de voyage, qu’intérieur ! Qu’il se rendit compte aussi que la relation à l’autre est toujours un voyage…
Non, non, croyez-moi : il ne partira pas !
Encore, et pour conclure (sinon mon commentaire finira par être plus long que le texte qu’il commente et je ne sais pas si c’est permis dans les conventions algomusiennes, que j’ai dû écrire quelque part…?), ce qui m’a le plus “mobilisé” (intellectuellement), ému, dans votre petit texte, c’est l’atmosphère “lovecraftienne” ! Il a remué en moi des émotions vieilles d’un demi siècle…
MERCI ! (Cela dit, je n’ai toujours pas la solution au problème d’intégration de l’annuaire dans l’Algo 😉 )
La relation qui se noue entre le lecteur et les protagonistes du texte issu de mon imagination, et que je découvre à travers vos commentaires @Guillaume du Vabre ( @algo ), m’interroge sur l’envie pour l’écrivain, que je suis en l’occurrence, de ‘posséder’ son histoire et de maitriser la vie de ses personnages à sa façon.
En ce qui concerne la compréhension de l’univers ébauché, je viens de faire une modification dans le texte car la tournure employée pouvait prêter à confusion. : la ville de Thilisbir se trouve au nord-ouest de la région où réside le cyribejy ce grand mammifère aquatique et herbivore.
Votre imagination a dépassé largement la mienne en visualisant une ‘ville-mammifère’, mon incursion dans l’écriture de science-fiction est encore trop novice, mais je suis là pour apprendre à développer cet imaginaire qui sommeille sous ma plume. Merci de la stimuler par vos remarques.
… je vais aller lire un peu de H.P. Lovecraft à la bibliothèque municipale 😉