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L’écolier, tête baissée, arrive devant son école. Il marche à reculons, tel un prévenu que l’on traîne en cellule. Quand il approche de ce bâtiment sans âme, la vie le quitte… un peu, puis beaucoup. En un clin d’œil s’évapore sa joie. Une évaluation, puis une autre, et encore une autre. Pour quoi faire, au fond ? On lui rabâche qu’il doit être sage, écouter, suivre les consignes, être solidaire, respectueux du maître et de ses camarades. Souligner ici, en bleu mais surtout pas en rouge. Coller là, bien droit. Longer la ligne, apprendre par cœur. Écrire en majuscules, ne surtout pas dépasser. Rédiger bien comme il faut, employer le bon mot.

Il est irréprochable. Mais quand lui conseille-t-on d’être lui-même ? Il a le sentiment d’être une vache à lait : un enfant que l’on prend pour une machine, une machine que l’on cherche à formater, un format qui doit rentrer dans un moule, un moule que l’on s’acharne à remplir. Ce marathon est sans fin. Il s’assèche.

Il a bien tenté de faire comprendre à tous ces adultes qu’il n’était pas un mutin, mais juste un enfant qui grandit et déploie ses ailes. Un enfant au regard tout neuf, au cœur sensible et à la tête pleine d’imagination. Il a remué ciel et terre, argumenté en long en large et en travers. Ses mots volent à travers la classe. Sa mélodie sonne faux aux oreilles du cadre et des conventions. Chaque contrainte est un coup de fouet à son âme. Chaque incontournable consigne, un coup de canif à sa singularité.

Quand il a mal au ventre et que sa tête cogne, personne n’entend. « Je ne comprends pas, vraiment. Tout va bien », dit le maître.

L’écolier s’échappe comme il peut de cette cloche étouffante. Instinct de survie. Son esprit s’évade par la fenêtre. Ses mains dessinent dans les airs et son cœur chante des mots. Des mots doux comme des couleurs pastel, des idées gaies comme les oiseaux des îles. Il commence à créer, chaque jour il invente son histoire. Il n’écrit rien et travaille sa mémoire, intègre chaque aventure de son quotidien, applique chaque théorème à la vie. Tout cela se tient, une étonnante fresque se construit. Après trois années, il pose tout sur le papier. Son premier prix littéraire lui est décerné. Il a donné du sens et la vie sourit.

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