Trop snob !
La scène se passe sur une plage idyllique de sable blond.
Un albatros, majestueux, tournoie au-dessus des pins maritimes, repaire de ces insolentes et insouciantes cigales.
– beau volatile, approche-toi !
L’oiseau blanc, gêné par cette familiarité et ces stridulations entêtantes s’éloigne. Mais les petites effrontées insistent de plus belle dans une grande cacophonie.
– Sais-tu que nous sommes les héroïnes de Monsieur de La Fontaine ? s’écrièrent en chœur ces insectes bruyants en frétillant des ailes pour mieux se faire remarquer
L’albatros, un peu agacé par ces péronnelles revient.
– mesdemoiselles, Votre Monsieur de … comment dites-vous ? J’ai déjà oublié son nom … tout respectable qu’il soit, ne peut égaler mon poète. J’ai souvenance d’avoir accepté de faire quelques apparitions dans ses fables. Mais le concept ne m’a pas donné satisfaction. Toute cette ménagerie ! Quel casting ordinaire ! Je préfère fréquenter les hautes sphères et le grand large qui subliment mon élégance ! Savez vous à qui vous vous adressez ? Je suis le prince des nuées immortalisé par le talentueux et ami Charles Baudelaire.
L’albatros prit un large envol en direction des flots et les cigales, vexées se cachèrent dans les pins.
– Beau mais pédant ! On laisse tomber !
– Trop snob !
– Trop intellectuel ! Nous, on chante !
votre Albatros est un gouélan
mais votre texte est un joli conte.
Une belle métaphore de ce que peut être la société. Un texte qui aurait sans doute plu à Monsieur Jean de la Fontaine.